José Dirceu, ancien bras droit de l'ex-président Luiz Inácio Lula da Silva (2003-2010), a été condamné mercredi à plus de 23 ans de prison dans le cadre du scandale de corruption autour du géant pétrolier public Petrobras.

Dans sa sentence, le juge Sergio Moro a reconnu coupable José Dirceu - l'un des fondateurs avec Lula en 1980 du Parti des travailleurs (PT, gauche) - de «corruption, blanchiment d'argent et appartenance à une association de malfaiteurs (...), raisons pour lesquelles les peines cumulées atteignent 23 ans et trois mois de prison».

Il s'agit de la deuxième condamnation de José Dirceu (70 ans), jugé et condamné en 2012 à près de 11 ans de prison dans le procès sur l'achat de députés au Parlement entre 2003 et 2005.

M. Dirceu, ancien guérillero et ex-chef de cabinet de Lula qui avait été obligé de démissionner en 2005, avait été accusé d'avoir orchestré ce vaste système de versement de pots-de-vin.

L'affaire dite du «Mensalao» (mensualité) avait failli coûter sa réélection à Lula en 2006, même s'il a été mis hors de cause par la justice.

Outre José Dirceu, dix autres personnes ont été condamnées mercredi, dont l'ancien trésorier du PT, Joao Vaccari Neto, à neuf ans de prison pour corruption. MM. Dirceu et Vaccari étaient déjà incarcérés dans une prison du Parana (sud du Brésil).

Un ancien directeur de Petrobras, Renato Duque, a été condamné à 10 ans de détention pour corruption. Un ex-dirigeant d'Engevix (entreprise de construction), Gerson Almada, s'est vu infliger 15 ans pour corruption et blanchiment d'argent. Eux aussi étaient déjà en prison.

Ouverte en 2014, l'enquête «Lavage rapide» sur le scandale Petrobras a révélé que de grandes entreprises du secteur du bâtiment avaient formé un cartel qui versait de juteux dessous-de-table à des hommes politiques et à d'ex-directeurs de Petrobras. Cela s'est soldé par un manque à gagner de plus de deux milliards de dollars en dix ans pour la compagnie phare du Brésil.

Elle a rattrapé l'élite de la classe politique et des entrepreneurs brésiliens.

Début mai, le parquet a demandé l'autorisation à la Cour suprême d'enquêter sur la présidente Dilma Rousseff pour entrave à la justice, sur Lula et sur d'autres hommes politiques dans le cadre de cette enquête.

Ce scandale sans précédent a contribué à aggraver la crise politique qui a entraîné la suspension par le Sénat de Mme Rousseff le 12 mai pour maquillage des comptes publics, en attendant son jugement final dans le cadre d'une procédure en destitution.