Le président du Venezuela Nicolas Maduro a ordonné samedi la saisie des usines « paralysées par la bourgeoisie » et l'emprisonnement des entrepreneurs accusés de « saboter le pays », ainsi que des manoeuvres militaires la semaine prochaine, après avoir décrété la veille l'état d'exception.

« Dans le cadre de ce décret en vigueur (...), nous prenons toutes les mesures pour récupérer l'appareil productif qui est paralysé par la bourgeoisie (...) Quiconque veut arrêter (la production) pour saboter le pays devrait partir et ceux qui le font doivent être menottés et envoyés à la PGV (Prison générale du Venezuela) », a déclaré M. Maduro devant des milliers de ses partisans dans le centre de Caracas.

« Usine arrêtée, usine remise au peuple ! » (...) Vous allez m'aider à récupérer toutes les usines paralysées par la bourgeoise », a poursuivi le chef de l'État.

Pourraient être concernées par les « mesures » qu'il a ainsi rendues publiques quatre usines de du groupe Polar, la plus importante société dans le secteur alimentaire au Venezuela, qui ont arrêté la production le 30 avril dernier.

Dans une intervention télévisée à la fin du rassemblement, M. Maduro a par ailleurs annoncé des manoeuvres de l'armée en vue de faire face à tout « scénario » de menace extérieure.

Pour « samedi prochain (le 21 mai), j'ai ordonné des exercices militaires nationaux des Forces armées, du peuple et de la milice pour nous préparer à n'importe quel scénario » envisageable, a-t-il dit.

Nicolas Maduro a à cet égard assuré que son homologue colombien Alvaro Uribe avait « appelé à une intervention armée », au cours d'une rencontre à Miami avec des dirigeants de l'opposition vénézuélienne. Y était aussi présent Luis Almagro, le secrétaire général de l'Organisation des États américains (OEA), dont il affirme qu'elle est au service des États-Unis qu'il soupçonne de vouloir « en finir avec les courants progressistes en Amérique latine ».

Vendredi, le président socialiste vénézuélien a annoncé dans une allocution radiotélévisée qu'il décrétait l'« état d'exception et d'urgence économique » afin de « neutraliser et mettre en échec l'agression extérieure ».

Le décret, qui n'a toujours pas été publié, étend et proroge « pour les mois de mai, juin, juillet » un précédent « décret d'urgence économique », en vigueur depuis la mi-janvier et qui expirait samedi.

L'opposition a mis en garde samedi contre un risque d'« explosion » au Venezuela si elle ne parvenait pas à organiser un référendum pour révoquer Nicolas Maduro.