Menacée de destitution, la présidente brésilienne de gauche Dilma Rousseff envisage de démissionner et de demander au Parlement de fixer une nouvelle élection, une option toutefois difficilement réalisable et qui ne fait pas l'unanimité, rapporte lundi le quotidien O Globo.

«Nous nous apercevons que la destitution se rapproche et nous avons décidé de trouver une alternative», a déclaré le sénateur Paulo Paim, du Parti des Travailleurs (PT) de Mme Rousseff, au journal O Globo.

«Le soutien augmente au sein du PT» pour de nouvelles élections le 2 octobre quand se tiendront les municipales dans le pays et «les sondages montrent que la population souhaite» cette solution, a-t-il affirmé.

Contactée par l'AFP, la présidence n'a pas voulu commenter.

Selon un sondage de l'institut Ibope diffusé la semaine dernière, 62 % des Brésiliens considèrent que la crise politique se résoudrait avec la démission de Mme Rousseff et de son vice-président Michel Temer - appelé à la remplacer en cas de destitution ou de démission - et l'organisation de nouvelles élections.

Le sénateur Paim a reconnu toutefois que le PT n'a pas les voix suffisantes au Parlement pour approuver la tenue de nouvelles élections. Il faudrait pour cela le soutien des trois cinquièmes de chaque chambre (308 voix pour les députés et 49 au Sénat).

Et cette option ne fait pas l'unanimité parmi les ministres alliés ni au sein du Mouvement des sans terre (MST), allié traditionnel du PT.

De nombreux experts et les sondages estiment que le Sénat écartera très probablement, le 11 ou 12 mai, la présidente du pouvoir pendant 180 jours, le temps de la soumettre à un jugement politique pour maquillage des comptes publics l'année de sa réélection en 2014, puis début 2015.

La procédure de destitution contre Mme Rousseff a déjà été approuvée par la Chambre des députés le 17 avril.

Impopulaire, elle pâtit de la grave récession économique dans le pays et du scandale de corruption au sein de la compagnie pétrolière publique Petrobras qui éclabousse le PT.

Cette ancienne guérilléra de 68 ans, qui se dit victime d'un coup d'État institutionnel de l'opposition de droite, a répété ces dernières semaines qu'elle «résistera(it) jusqu'au bout».