Le bilan de l'explosion spectaculaire dans un complexe pétrochimique au Mexique s'est alourdi jeudi, avec au moins 24 morts désormais, après que les secours ont pu pénétrer à l'intérieur du site, a annoncé la compagnie pétrolière mexicaine Pemex.

Suite à l'explosion de mercredi, «24 décès ont été confirmés», a déclaré au cours d'une conférence de presse le directeur général de Pemex, copropriétaire de l'usine, José Antonio González Anaya, précisant que le nombre de disparus était passé de 18 à huit.

Un employé du complexe pétrochimique touché mercredi par la spectaculaire explosion a raconté à l'AFP comment «les corps volaient» sous la puissance de cette déflagration accompagnée de fumées nocives, dans l'État mexicain de Veracruz (est).

L'explosion, qui a aussi fait plusieurs disparus et 136 blessés, avait créé un début de panique dans la ville de Coatzacoalcos.

Ce témoin d'une cinquantaine d'années ne souhaitant pas être identifié se trouvait parmi environ 300 employés à une dizaine de mètres du bâtiment lorsque l'explosion a retenti.

«La fuite a commencé vers 10 h, ils nous ont fait arrêter (le travail), puis nous sommes retournés travailler. À l'heure du déjeuner (...), les opérateurs avaient fermé certaines valves et nous avons commencé à pressentir que quelque chose d'important allait se passer» raconte-t-il.

Vers 15 h, «je suis allé chercher la sécurité à l'arrière du bâtiment et c'est là que j'ai assisté à la première explosion, les vitres ont explosé et les tiges de métal se tordaient car il s'agit de matériel ancien».

«Avec la deuxième explosion, j'ai vu comment les corps volaient», dit-il, très ému tandis qu'il attend des nouvelles de ses collègues.

«Au cours des dernières semaines, il y a eu des fuites et celle d'hier a été la plus forte», raconte de son côté José Antonio Galicia, un employé d'une entreprise sous-traitante qui se trouvait lui aussi à proximité du lieu de l'explosion.

Selon lui, les employés bénéficiaient de «conditions basiques» de sécurité sur le site, portant un masque pour se protéger des produits toxiques.

«Nous avons fouillé la zone touchée et découvert 13 personnes mortes», a indiqué sur Twitter le coordinateur national de la protection civile de l'État de Veracruz, Luis Felipe Puente, prévenant que le bilan pourrait s'alourdir, 13 des 136 blessés étant dans un état critique.

Les images de l'intérieur de l'usine qu'il a diffusées sur les réseaux sociaux montrent un amas de métal et de tuyaux.

Nuage toxique dissipé

Le directeur général de la compagnie pétrolière Pemex pour laquelle travaillait l'entreprise gérant ces installations, José Antonio Gonzalez Anaya, a déclaré à la chaîne Televisa qu'une «fuite», dont les causes restent inconnues, avait été à l'origine de la puissante explosion.

Les explosions dans les installations pétrolières sont relativement courantes au Mexique, où des groupes criminels siphonnent régulièrement les oléoducs pour voler du carburant.

Les images prises mercredi montraient d'impressionnantes colonnes de fumée noire au-dessus des installations de l'usine.

Un cordon de sécurité a été mis en place par les militaires à plusieurs kilomètres de l'usine, où les familles d'employés portés disparus attendaient jeudi dans l'angoisse des nouvelles de leurs proches. Certains avaient passé la nuit sur place à prier.

«Nous ne savons rien de Miguel Angel (...). Il travaillait pour une entreprise dans la zone affectée par l'explosion», disait à l'AFP un de ses proches.

La vie semblait revenue à la normale à Coatzacoalcos, ville de 235 000 habitants, même si les écoles restaient fermées, tandis que le nuage de produits chimiques formé à la suite de l'explosion n'était plus visible.

La déflagration a eu lieu sur un site qui produit notamment du chlorure de vinyle et de l'acide chlorhydrique pour l'entreprise Petroquimica Mexicana de Vinilo (PMV), travaillant elle-même pour le compte de Pemex.

Jeudi, le coordinateur national de la protection civile a assuré, après avoir constaté qu'il n'y avait pas de risques de pollution, que les habitants du secteur avaient pu regagner leur domicile.

Selon le gouverneur de l'État, Javier Duarte, cette «très forte explosion» a été ressentie à 10 km à la ronde.

«Je suis sortie en courant, j'ai pensé que toute la ville allait prendre feu», a raconté Marcela Andrade Moreno, dont les vitres de la maison ont toutes été brisées.

Comme elle, des voisins ont paniqué, craignant un scénario similaire à celui de 1991, quand une explosion survenue dans la même usine avait provoqué une fuite de gaz et fait officiellement six morts, bien que les médias locaux assurent qu'il y en a eu des dizaines.

Le président mexicain Enrique Peña Nieto a promis sur Twitter que le gouvernement viendrait en aide aux «travailleurs affectés et aux voisins de la zone».

En août 2015, cinq personnes avaient perdu la vie à Monterrey (nord) dans l'explosion d'un gazoduc provoquée par un branchement clandestin.