La Cour suprême du Venezuela a déclaré lundi inconstitutionnelle la loi d'amnistie pour les opposants emprisonnés, votée fin mars par le Parlement contrôlé par l'opposition.

L'arrêt de la Cour, réputée proche du gouvernement de Nicolas Maduro, a été publié sur son site internet et constitue un nouvel épisode du bras de fer institutionnel qui agite le Venezuela depuis la victoire de l'opposition aux élections législatives de décembre.

Le Tribunal suprême de justice (TSJ ou Cour suprême), la plus haute autorité judiciaire du pays, «a établi l'inconstitutionnalité de la Loi d'amnistie et de réconciliation nationale, adoptée par l'Assemblée nationale le 29 mars 2016» pour remettre en liberté des prisonniers politiques, selon le texte mis en ligne.

La décision de la Cour suprême est «sans appel», a réagi le président Maduro lundi soir lors d'une rencontre avec ses partisans dans un quartier populaire de Caracas. «Maintenant, il faut la respecter», a-t-il ajouté.

Le président Maduro avait jusqu'à vendredi dernier pour promulguer la loi ou la renvoyer devant le TSJ. Il avait finalement demandé la veille à la Cour suprême d'invalider cette loi «criminelle» afin d'éviter une «guerre civile».

La Cour Suprême est le «cabinet juridique» du gouvernement, a une nouvelle fois dénoncé le député de l'opposition et président du Parlement Henry Ramos Allup, sur Twitter.

Les chavistes (du nom du président défunt Hugo Chavez, au pouvoir de 1999 à 2013 et mentor de Nicolas Maduro) considèrent que l'application de cette loi d'amnistie laisserait impunies des violations des droits de l'homme.

La loi prévoit la libération de 76 «prisonniers politiques» ainsi que l'amnistie de centaines de Vénézuéliens «persécutés et exilés» en raison de leur opposition au pouvoir chaviste, qui dirige le Venezuela depuis 17 ans, selon les députés anti-chavistes.

Le vote de cette loi d'amnistie était intervenu deux ans après l'arrestation de l'opposant Leopoldo Lopez, condamné en septembre à près de 14 ans de prison pour incitation à la violence lors des manifestations de 2014 (43 morts selon le bilan officiel).

«Le soutien du TSJ à Maduro est injuste, pour nous, les 30 millions de Vénézuéliens, qui souhaitons la paix, la réconciliation et le changement», a affirmé sur les réseaux sociaux son épouse, Lilian Tintori.

Photo Carlos Garcia Rawlins, Reuters

Leopoldo Lopez (au centre)

À défaut de la loi d'amnistie, en faveur de laquelle s'étaient prononcés les États-Unis et l'Organisation des États américains (OEA), Nicolas Maduro doit installer mardi une «commission de la vérité» censée assurer «la reconnaissance» des victimes et la non-répétition de «coups d'État».