Quelque 745 nourrissons brésiliens atteints de microcéphalie et 157 bébés morts à cause de cette malformation ont été enregistrés au Brésil depuis le début de l'épidémie de Zika en octobre 2015, a indiqué le ministère brésilien de la Santé.

Le gouvernement examine toujours 4231 cas présumés de microcéphalie, qui s'ajoutent aux 1182 cas écartés, selon le dernier communiqué officiel diffusé mercredi soir.

Le nombre des cas confirmés est de 16 % supérieur à celui donné la semaine dernière par le ministère.

Le virus Zika, transmis par le moustique Aedes aegypti, provoque des symptômes grippaux bénins (fièvre, maux de tête, courbatures). Mais il est aussi soupçonné, quand il touche une femme enceinte, d'entraîner une grave malformation congénitale du foetus, la microcéphalie (réduction du périmètre crânien, néfaste au développement intellectuel).

Début février, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) avait estimé qu'un possible lien entre Zika et l'explosion des cas de malformations congénitales devait être étudié et constituait donc « une urgence de santé publique de portée internationale ».

Le Brésil, qui compte désormais 1,5 million de cas de Zika, avait sonné l'alarme en octobre 2015, lors de l'apparition d'un nombre inhabituellement élevé dans le nord-est du pays de cas de microcéphalie. Habituellement, le pays enregistre en moyenne 150 cas de microcéphalies par an.

Le gouvernement a établi grâce à des analyses en laboratoire que les mères de 88 bébés atteints de microcéphalie avaient contracté le virus Zika, tout en admettant que « les données ne sont pas assez représentatives » par rapport au nombre total des cas.

Attaques du système nerveux

Les cas se multiplient montrant la capacité du virus Zika à s'attaquer au système nerveux : accusé d'être à l'origine d'atteintes du cerveau de bébés, à la moelle épinière et du syndrome de Guillain-Barré, il peut aussi provoquer une infection du cerveau chez l'adulte avec coma, avertissent des médecins français.

Ils ont pu constater la présence du virus Zika, longtemps considéré anodin, dans le liquide céphalo-rachidien d'un homme de 81 ans atteint d'une méningoencéphalite, une dangereuse inflammation du cerveau et des méninges, selon un rapport qui vient de paraître dans la revue médicale américaine, le New England Journal of Medicine (NEJM).

L'homme, hospitalisé le 10 janvier 2016 en neurologie, était transféré le lendemain en réanimation en raison d'une aggravation rapide de son état, avec apparition d'un coma nécessitant une assistance respiratoire artificielle, d'après les médecins de l'hôpital Henri-Mondor à Créteil, où il se trouvait.

Le patient, « en parfaite santé » avant de tomber malade, était rentré dix jours auparavant d'une croisière dans le Pacifique Sud (Nouvelle-Calédonie, Vanuatu, îles Salomon, Nouvelle-Zélande).

Fiévreux (39,1 degrés Celsius) et comateux, il présentait une hémiplégie gauche (paralysie du côté gauche du corps) ainsi qu'une atteinte motrice du bras droit, ont relevé les réanimateurs.

« Premier cas de ce type »

« C'est le premier cas de ce type décrit, à notre connaissance », indique à l'AFP le Dr Guillaume Carteaux, coauteur de cette correspondance parue dans le NEJM. « Les autres causes infectieuses, virales et bactériennes, ont été écartées », ajoute-t-il, en particulier les virus herpès, varicelle, zona et d'autres arboviroses.

Les examens d'imagerie médicale étaient évocateurs d'une méningoencéphalite, une inflammation importante du cerveau et des méninges, compatibles avec une infection.

Les médecins ont recherché toute une série de bactéries et de virus susceptibles d'être impliqués, par exemple les virus de la dengue et du chikungunya.

Un test dit d'amplification génétique (PCR) a détecté le matériel génétique du virus dans le liquide prélevé par ponction lombaire en phase aiguë, à son arrivée en réanimation.

Et du « virus vivant » a été mis en évidence en laboratoire à partir d'un échantillon de ce liquide envoyé au centre national de référence des arboviroses de Marseille, précise le Dr Carteaux.

L'état du patient, qui s'était réveillé confus, avec des hallucinations visuelles et des troubles de la représentation du corps, a continué à s'améliorer sans traitement spécifique.

Il a ainsi recouvré toutes ses fonctions intellectuelles 38 jours sa sortie des soins intensifs pour aller dans un établissement de rééducation. Il conserve néanmoins une légère faiblesse du bras gauche.

Voir où a voyagé le patient

Devant une atteinte neurologique de ce type, il faut penser au Zika si le patient a voyagé dans des régions du monde où le virus circule, estiment ces spécialistes français.

Des chercheurs français ont par ailleurs montré dans la revue médicale Lancet que le virus peut également déclencher une atteinte grave des quatre membres, une myélite aiguë, selon un cas établi en Guadeloupe.

Le virus transmis par un moustique Aedes est à l'origine d'une grande épidémie en Amérique latine, avec des symptômes (fièvre, maux de tête...) le plus souvent bénins. L'infection peut aussi passer inaperçue.

À l'Institut Pasteur à Paris, d'autres travaux observés lors de l'épidémie qui avait touché les deux tiers de la population en Polynésie française en 2013-2014 ont en outre établi un lien entre ce virus et le syndrome neurologique de Guillain-Barré qui peut entraîner à la fois une paralysie des membres et une atteinte respiratoire.

L'OMS a conseillé mardi aux femmes enceintes de ne pas aller dans les zones affectées, estimant que les informations à ce sujet étaient « alarmantes », même si le lien entre Zika et la microcéphalie n'était pas définitivement prouvé.