La police fédérale brésilienne a perquisitionné vendredi le domicile de l'ex-président Luiz Inácio Lula da Silva (2003-2010) à São Paulo et l'a emmené pour l'interroger dans le cadre de l'enquête sur le scandale de corruption Petrobras, a annoncé le porte-parole de l'Institut Lula.

«La police fédérale (PF) mène des fouilles et perquisitions chez lui, à l'Institut Lula et chez plusieurs de ses collaborateurs et membres de sa famille», a déclaré à l'AFP José Chrispiniano, attaché de presse de l'ex-président brésilien et de la fondation qui porte son nom. Il a confirmé également que Lula avait été emmené par la police pour être interrogé.

Ces mandats de perquisition et d'amener «sont exécutés par la police fédérale pour enquêter sur de possibles délits de corruption et blanchiment d'argent du réseau (de fraudes) Petrobras pratiqués par l'ancien président Lula et ses collaborateurs», a écrit dans un communiqué le parquet de l'État de Parana (sud) chargé de l'enquête sur les fraudes au sein de la compagnie publique pétrolière.

«Il y a des preuves selon lesquelles l'ex-président Lula a reçu de l'argent du réseau (de fraudes) Petrobras par le biais de la restauration d'un triplex et d'une maison de campagne à Atibaia», affirme le parquet.

«On enquête aussi sur des versements faits à l'ex-président par des entreprises impliquées dans l'enquête sur la corruption, à titre de dons présumés et conférences», ajoute le parquet.

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Des partisans de Lula se sont massés aux abords de sa résidence à São Bernardino de Campo, en banlieue de São Paulo, pour soutenir l'ex-président, le 4 mars.  

Lula a reçu «beaucoup de faveurs»

L'ancien président Lula a reçu «beaucoup de faveurs» de grandes entreprises du bâtiment accusées de corruption dans le scandale Petrobras, a déclaré vendredi le procureur Carlos Fernando dos Santos Lima, en charge de l'enquête.

Environ 30 millions de reais (8 millions de dollars, NDLR) constitués de dons et d'honoraires pour des conférences «ont été versés par les grandes entreprises de construction» à Lula, emmené vendredi par la police pour être interrogé, a-t-il souligné lors d'une conférence de presse à Curitiba (Parana, sud du Brésil).

«Les faveurs sont nombreuses et difficiles à quantifier. Il est plus facile de quantifier les travaux effectués dans le triplex et la maison de campagne», a souligné le procureur.

«Nous sommes en train d'analyser des preuves selon lesquelles l'ancien président et sa famille ont bénéficié d'avantages», a affirmé le procureur, qui a dit ne pas envisager de demander l'incarcération de l'ancien chef d'État à l'heure actuelle.

Plus tôt, la police avait indiqué dans un communiqué que «près de 200 policiers et 30 inspecteurs des impôts exécutaient 44 mandats judiciaires, dont 33 mandats de fouilles et perquisitions et 11 mandats d'amener dans les États de Rio de Janeiro, São Paulo et Bahia».

Cette opération policière fait partie de la vaste opération «Lavage rapide» lancée en 2014 pour enquêter sur un vaste réseau de corruption monté au sein de la compagnie publique pétrolière Petrobras et qui aurait coûté au moins deux milliards de dollars à la compagnie.

Elle intervient au lendemain d'une avalanche d'accusations de corruption dans le scandale Petrobras avec la déclaration d'un sénateur, selon la presse, impliquant la présidente Dilma Rousseff et son prédecesseur Lula.

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La police fédérale brésilienne perquisitionne le logement de l'ex-président Lula, à São Bernardino de Campo, le 4 mars.

Lula dit qu'il ne «craint pas» la justice

Lula  a affirmé ne pas craindre la justice et clamé son indignation vendredi après son interpellation.

«Je me suis senti prisonnier ce matin» dans les locaux de la police fédérale situés à l'aéroport de Congonhas, à Sao Paulo, a déclaré Lula au siège du Parti des travailleurs (PT).

«S'ils voulaient m'entendre, il fallait juste me convoquer et j'y allais. Je ne dois rien (à personne) et je ne crains pas» la justice, a souligné Lula, reprenant un proverbe brésilien, «qui ne doit rien, ne craint rien».

Les procureurs «ont rallumé la flamme qui m'habite! La lutte continue!», a lancé Lula comme un défi, faisant part à plusieurs reprises de son «indignation» face à ceux qui «veulent criminaliser le Parti des travailleurs, criminaliser Lula» par crainte que le PT reste au pouvoir.

«Je ne sais pas si je serai candidat en 2018» à la présidence, a-t-il lancé, promettant toutefois de parcourir le pays en défense du parti qu'il a fondé en 1980, vers la fin de la dictature.

L'Institut Lula dénonce «la violence» envers l'ex-président

L'Institut Lula a déploré vendredi «la violence» de la perquisition menée au domicile de l'ancien président et de son transfert à la police pour y être interrogé sur des soupçons de corruption, dénonçant «une agression à l'État de droit».

L'action de la police «est arbitraire, illégale et injustifiable (...)», a estimé l'Institut dans un communiqué, dénonçant «la violence pratiquée aujourd'hui contre l'ex-président Lula et sa famille, contre l'Institut Lula (...)».

Cette fondation, qui se consacre à la coopération du Brésil avec l'Afrique et l'Amérique latine, condamne «une agression contre l'État de droit qui affecte toute la société brésilienne».