L'ONU a accepté lundi de superviser le règlement final du conflit vieux d'un demi-siècle entre le gouvernement colombien et la guérilla marxiste des Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie).

Aux termes d'une résolution du Conseil de sécurité adoptée à l'unanimité, une «mission politique» de l'ONU sera établie, à la demande des deux camps, avec des observateurs internationaux chargés de surveiller notamment le désarmement de la guérilla.

La mission sera mise en place «pour une période de douze mois», avec une possibilité d'extension, afin de «surveiller et vérifier» un cessez-le-feu bilatéral définitif, la cessation des hostilités et le dépôt des armes par les deux camps.

L'ONU va «lancer immédiatement les préparatifs de la mission». Dans un délai de trente jours après la signature de l'accord de cessez-le-feu, son secrétaire général Ban Ki-moon devra soumettre au Conseil pour approbation des recommandations «sur la dimension, les aspects opérationnels et le mandat» de cette mission, qui sera composée «d'observateurs internationaux non armés».

Ceux-ci seront recrutés parmi les pays de la Communauté des Etats d'Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), qui tient mercredi un sommet à Quito.

Le mandat et les détails du déploiement des observateurs devront faire l'objet d'une seconde résolution.

Celle-ci pourrait être adoptée en février, mois pendant lequel la présidence du Conseil sera assurée par le Venezuela.

«Beaucoup de travail» 

La ministre colombienne des Affaires étrangères Maria Angela Holguin Cuellar, qui participait à la réunion, a remercié le Conseil ainsi que les gouvernements de Cuba, de Norvège, du Chili et du Venezuela qui ont soutenu le processus de paix entre Bogota et les Farc.

Elle a noté que c'est la quatorzième fois seulement en 70 ans d'existence des Nations unies qu'une résolution est à la fois co-parrainée et adoptée par l'ensemble des 15 membres du Conseil.

«La volonté des membres du Conseil de travailler avec la Colombie est essentielle pour le succès du processus» de paix, a-t-elle déclaré, soulignant que les Colombiens «ont confiance dans leur capacité de réconciliation».

«La paix en Colombie sera bonne non seulement pour nous mais pour la région», a-t-elle affirmé.

«Nous montrons que l'Amérique latine est un continent de paix, débarrassé des conflits armés», a renchéri son homologue uruguayen Rodolfo Nin Novoa, qui présidait la session. L'Uruguay préside le Conseil en janvier.

Il reste «beaucoup de travail» avant la paix, a averti l'ambassadrice américaine auprès de l'ONU Samantha Power en promettant l'aide des Etats-Unis à Bogota. Il faudra aussi, a-t-elle expliqué, rendre justice aux victimes, aider les communautés qui ont souffert du conflit et réintégrer les ex-guérilleros dans la société colombienne.

L'ambassadeur britannique Matthew Rycroft, dont le pays a rédigé la résolution, a salué «un moment positif» pour les Nations unies.

«Il y a bien longtemps qu'un pays n'avait pas sollicité de sa propre initiative le Conseil pour avoir une autorisation de l'ONU à d'importants aspects d'un accord de paix», a-t-il souligné.

La guérilla des Farc et le gouvernement colombien s'affrontent depuis plus d'un demi-siècle.

Leurs représentants avaient annoncé mardi dernier à La Havane un accord pour demander aux Nations unies de superviser la fin de leur conflit.

Ils ont pris vendredi des dispositions pour accélérer les négociations qu'ils mènent depuis fin 2012 à La Havane.

Il y a quelques mois, Bogota et les Farc ont convenu de signer un accord de paix définitif avant le 23 mars, qui mettra fin au conflit armé le plus ancien d'Amérique latine.

Celui-ci a fait au moins 220 000 morts, six millions de déplacés et des dizaines de milliers de disparus.

Les Farc, issues en 1964 d'une insurrection paysanne, comptent encore environ 7000 combattants, selon les autorités.