La guérilla des FARC et le gouvernement colombien ont demandé mardi aux Nations unies de superviser la fin du conflit qui dure depuis plus d'un demi-siècle, franchissant un nouveau pas vers une paix que les parties espèrent signer dans les prochains mois.

«Nous avons décidé de demander au Conseil de sécurité de l'ONU la création» d'une mission d'«observateurs non armés pour une période de 12 mois» qui supervisera la fin du conflit aux côtés des parties, ont annoncé les représentants de la rébellion et du gouvernement aux pourparlers se déroulent depuis novembre 2012 à La Havane.

Selon ce texte, l'ONU présidera une structure qui comprendra également des représentants des FARC et du gouvernement colombien destinée à assurer la bonne marche d'un futur cessez-le-feu bilatéral et du processus d'abandon des armes par la rébellion, dont les modalités sont actuellement en discussion à Cuba.

L'ONU coordonnera «le dispositif dans tous ses aspects, règlera les différends, proposera des recommandations et présentera des bilans», ont précisé les parties, dans l'attente d'une réponse officielle des Nations unies.

Au sein de cette «mission politique» onusienne figureront également des représentants de la Communauté des États latino-américains et des Caraïbes (Celac). L'entité doit débuter ses travaux «une fois que l'accord (de paix) sera signé», ajoute le communiqué.

Dans une première réaction, le chef de l'équipe de négociateurs du gouvernement colombien Humberto de la Calle a salué «le pas particulièrement significatif» franchi mardi.

«Nous sommes déjà engagés sur la voie qui nous mènera à la conclusion de ces pourparlers», cette annonce «est la preuve de l'engagement du gouvernement et des FARC à franchir le dernier pas menant à la paix (...) C'est un moment déterminant», s'est-il félicité.

«La paix en Colombie est possible», s'est pour sa part réjoui son homologue des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, marxistes) Ivan Marquez, affirmant que ce processus de paix «est le seul qui donne des résultats encourageants» dans le monde.

Des Casques bleus en Colombie?

Interrogé par l'AFP, l'analyste de la Fondation Paix et Réconciliation Ariel Avila a jugé cette annonce «très importante» et «sérieuse», «parce qu'elle est officiellement reliée à la communauté internationale dans les opérations sur le terrain».

M. Avila n'a d'ailleurs pas écarté le déploiement éventuel de Casques bleus onusiens sur le territoire colombien.

Dimanche, des représentants du gouvernement colombien et de la guérilla s'étaient engagés à mettre fin dans les «plus brefs délais» à plus d'un demi-siècle de conflit armé, lors d'une réunion avec le président cubain Raul Castro, hôte et garant des pourparlers colombiens.

Il y a quelques mois, lors d'une rencontre historique à Cuba, Timoleon Jimenez, le chef des FARC dit «Timochenko», et le président colombien Juan Manuel Santos étaient convenus de signer un accord de paix définitif avant le 23 mars prochain.

Mais en janvier la guérilla marxiste avait prévenu qu'il serait quasiment impossible de conclure un accord avec Bogota dans ce délai, du fait d'«obstacles importants».

Mardi, les négociateurs de La Havane ont tenu à rappeler leur souhait de parvenir «à un accord de paix final (...) et à la construction d'une paix stable et durable», sans toutefois fixer d'échéance.

En septembre, les parties s'étaient entendues pour démarrer le désarmement des rebelles dans les 60 jours après la signature d'un accord de paix final.

L'abandon des armes constitue l'un des deux derniers volets restant à l'agenda des pourparlers, avec le mode de ratification d'un accord de paix.

Plusieurs accords partiels ont déjà été signés dans le cadre de ces discussions sur la réforme agraire, le trafic de drogue, les réparations aux victimes (qui inclut la justice qui s'appliquera aux ex-belligérants) et la participation politique des guérilleros démobilisés.

Le conflit armé le plus ancien d'Amérique latine a fait au moins 220 000 morts, six millions de déplacés et des dizaines de milliers de disparus.

Les FARC, plus ancienne guérilla de Colombie issue en 1964 d'une insurrection paysanne, comptent encore environ 7000 combattants, selon les autorités.