La diplomatie américaine a mis en garde lundi le Mexique face au risque d'une nouvelle évasion du trafiquant de drogue mexicain Joaquin «El Chapo» Guzman arrêté vendredi et dont la procédure d'extradition vers les États-Unis pourrait prendre au moins un an.

«Nous avons bien entendu fait part de nos inquiétudes aux autorités mexicaines sur le danger que pose cet individu», a expliqué lors de son point de presse le porte-parole du département d'État John Kirby.

«Je pense qu'on peut imaginer qu'elles (les autorités mexicaines) comprennent que le monde observe comment cette affaire est menée et savent que cet individu doit rester derrière les barreaux», a averti le responsable américain, interrogé sur l'arrestation vendredi de Joaquin «El Chapo» Guzman dans le nord-ouest du Mexique, six mois après son évasion rocambolesque de la prison de haute sécurité d'Altiplano.

C'était la seconde fois en juillet 2015 que le narcotrafiquant s'échappait d'une prison de haute sécurité mexicaine, après une première évasion en 2001 dans un panier de linge sale.

M. Kirby n'a pas voulu se prononcer sur la procédure d'extradition, qui relève du ministère américain de la Justice, mais a insisté sur la nécessité que l'homme ne disparaisse pas dans la nature pour la troisième fois.

«Je ne suis pas un expert en prisons mexicaines mais je pense qu'ils savent de quoi ce Monsieur est capable et ce qu'ils doivent faire pour le garder derrière les barreaux», a insisté le porte-parole de la diplomatie américaine.

La procédure d'extradition vers les États-Unis de Guzman prendra au moins un an, voire beaucoup plus si ses avocats utilisent tous les recours légaux, ont averti les autorités mexicaines lundi, faisant ressurgir la crainte d'une nouvelle évasion.

Le Mexique, qui s'y refusait jusqu'à présent, a ouvert la voie ce week-end à son extradition vers son puissant voisin au Nord. Après la précédente arrestation de Guzman en février 2014, le président mexicain Enrique Pena Nieto avait refusé son transfert vers les États-Unis, promettant de le juger et de l'incarcérer au Mexique.

Sean Penn assure n'avoir rien à cacher

L'acteur américain Sean Penn a affirmé, lundi, qu'il n'avait rien à cacher au sujet de son entrevue avec le baron de la drogue mexicain Joaquin «El Chapo» Guzman.

Dans le cadre d'un bref échange de courriels, l'Associated Press a interrogé M. Penn à propos de photos publiées lundi par des médias mexicains qui semblent montrer les autorités en train de le surveiller en compagnie de l'actrice Kate Del Castillo avant leur visite à «El Chapo» en octobre 2015.

La vedette hollywoodienne a répliqué qu'elle n'avait rien à cacher.

Joaquin Guzman a été capturé vendredi, plus de trois mois après l'interview accordé à Sean Penn dans le centre du Mexique et plus de six mois après son évasion de la prison la plus sécurisée du pays.

M. Penn n'a pas directement répondu aux questions de savoir s'il était approprié pour lui de soumettre son article au narcotrafiquant pour approbation avant publication ou s'il avait pris toutes les mesures adéquates pour protéger sa source.

Plus tôt lundi, le Mexique avait annoncé avoir entamé les procédures d'extradition vers les États-Unis de Joaquin «El Chapo» Guzman.

Traqué depuis son évasion l'été dernier, Joaquin Guzman a été repris au terme d'une fusillade qui a coûté la vie à cinq de ses hommes et causé des blessures à un soldat mexicain. Il a tenté de prendre la fuite par les égouts, mais les forces de l'ordre ont réussi à intercepter son véhicule sur l'autoroute.

Des responsables ont prévenu que le processus d'extradition risquait de s'étirer sur plusieurs mois, puisque les avocats du narcotrafiquant auront recours à tous les stratagèmes possibles pour garder leur client au Mexique, où il s'est déjà évadé à deux reprises de pénitenciers à sécurité maximale.

«El Chapo» est actuellement détenu à la prison d'Altiplano. Deux représentants de l'agence policière internationale Interpol s'y sont rendus dimanche pour lui présenter officiellement deux mandats d'arrestation lancés contre lui et l'informer qu'il était recherché aux États-Unis.

Le puissant cartel de Sinaloa dirigé par «El Chapo» trafique chaque année des tonnes de cocaïne, de marijuana et d'amphétamines, principalement à destination des États-Unis. L'homme était recherché dans plusieurs États américains et son évasion, en juillet, avait plongé dans l'embarras l'administration du président mexicain Enrique Peña Nieto.

L'avocat de Joaquin Guzman, Juan Pablo Badillo, a dit avoir déjà déposé six motions contre son extradition.

- Associated Press