Le premier ministre haïtien Michel Martelly a ordonné, jeudi, la création d'une commission spéciale pour scruter à la loupe les élections controversées d'octobre, avant le déroulement du deuxième tour présidentiel et parlementaire du 27 décembre.

Des partis d'opposition ont menacé de faire dérailler ce second tour en raison de soupçons de fraude qui ont entaché le processus électoral.

M. Martelly - qui gouverne par décret depuis janvier - a nommé cinq membres pour examiner comment s'est déroulé le premier tour. Le comité devra remettre dans trois jours ses recommandations au gouvernement et à la commission électorale provisoire.

Le président a ajouté que ce comité pourra bénéficier de l'appui d'experts de l'Union européenne et d'observateurs de l'Organisation des États américains.

De nombreux groupes citoyens, factions politiques et observateurs électoraux allèguent que le vote du 25 octobre est entaché de nombreuses irrégularités (falsification de résultats, votes multiples) qui remettent en question sa validité.

Celui qui est arrivé en deuxième place du premier tour, Jude Célestin, avait qualifié les résultats de « farce ridicule ». Il a laissé entendre qu'il allait boycotter le deuxième tour qui l'oppose au candidat du gouvernement, Jovenel Moïse, si un examen approprié des élections n'était pas fait.

M. Célestin exige également que des ajustements soient apportés au fonctionnement du conseil électoral et de la police.

L'ancien ministre et entrepreneur en construction n'a pas mené sa campagne au cours des dernières semaines, mais il ne s'est pas officiellement désisté du second tour.

M. Célestin n'a pas pu être immédiatement joint, jeudi, pour commenter l'annonce effectuée par le président Martelly.

Le processus de sélection des membres du comité n'a pas été dévoilé. On n'en connaît guère plus sur l'étendue de son mandat. M. Martelly a simplement indiqué que la commission d'évaluation doit effectuer des recommandations afin d'« assurer la transparence et la crédibilité du processus électoral ».

Le panel inclut Patrick Aris de la Conférence épiscopale d'Haïti, qui a critiqué les élections, Rosny Desroches, le directeur d'un groupe d'observation haïtien, et Joseph Emmanuel Charlemagne, l'ancien maire de Port-au-Prince.

Un représentant de chaque candidat toujours en lice pour le poste de président peut assister aux travaux de la commission.

La création de cette commission spéciale est survenue quelques heures après que le premier ministre Evans Paul eut publié un commentaire sur Twitter rapportant qu'il avait imploré le président Martelly d'ordonner la tenue d'une telle révision.