L'opposant radical vénézuélien Leopoldo Lopez, emprisonné depuis février 2014, a été condamné à près de 14 ans de prison pour incitation à la violence, une décision critiquée par la communauté internationale et accueillie avec colère par ses partisans.

Condamné jeudi soir pour son rôle pendant les manifestations antigouvernementales de 2014, cet économiste notamment formé à Harvard purgera sa peine de 13 ans, neuf mois et sept jours à la prison militaire de Ramo Verde, où il est déjà détenu.

« Je vous appelle dès aujourd'hui (...) à manifester le 19 septembre pour bâtir notre victoire, à prendre les rues pacifiquement et démocratiquement, en respectant une absolue non-violence », a lancé vendredi son épouse, Lilian Tintori, devant des dizaines de partisans réunis sur une place de l'est aisé de Caracas.

« Je ne regrette pas la décision que j'ai prise (...) les grandes causes méritent de grands sacrifices », a écrit de son côté M. Lopez dans une lettre lue par son épouse. Il a aussi dénoncé « un modèle qui a échoué (dans les domaines) économique, politique et social ».

Fondateur du parti d'opposition Voluntad Popular (VP), Leopoldo Lopez, 44 ans, avait pris la tête en 2014 d'un mouvement surnommé « La Salida », prônant le recours à la rue pour faire tomber le président socialiste Nicolas Maduro, dans le cadre de manifestations étudiantes antigouvernementales.

« Dictature de fait »

Ces mobilisations parfois violentes, entre février et mai 2014, avaient fait 43 morts et des centaines de blessés, selon les autorités.

D'après le parquet, « les déclarations de M. Lopez via les médias et les réseaux sociaux ont incité ses partisans à la violence dans les rues et à ne plus reconnaître le gouvernement national et les institutions de l'État vénézuélien ».

Jesus Torrealba, secrétaire administratif de la coalition d'opposition de la Table de l'Unité démocratique (MUD), a appelé « à des protestations pacifiques, démocratiques et constitutionnelles ».

À l'étranger, le verdict a été immédiatement critiqué par l'Union européenne, l'ONU, les États-Unis, l'Espagne ou encore le Costa Rica.

Le secrétaire d'État américain John Kerry s'est notamment déclaré dans un communiqué « profondément préoccupé ». Il a aussi fustigé « le recours au système judiciaire vénézuélien pour punir et neutraliser ceux qui critiquent le gouvernement » de Caracas.

En Espagne, l'ancien premier ministre socialiste Felipe Gonzalez, qui avait essayé, en vain, de rendre visite à l'opposant en prison, a affirmé que « le Venezuela est devenu une dictature de fait ».

La condamnation de cet homme, symbole de la répression contre l'opposition menée par le gouvernement, survient à quelques mois des élections législatives du 6 décembre pour lesquelles l'opposition, bien que divisée, part largement favorite, une situation inédite en 16 ans de « chavisme » (du nom de l'ancien président Hugo Chavez, 1999-2013).

Décision contre-productive?

Le gouvernement a souhaité « casser le moral dans les rangs de l'opposition », estime le politologue John Magdaleno, consulté par l'AFP.

Mais l'effet pourrait être inverse : « Il est évident que le jugement crée une certaine irritation et il est possible que cela incite un plus grand nombre d'électeurs à canaliser leur malaise dans cette élection », observe-t-il.

Surtout que deux autres figures de l'opposition - le maire destitué du grand Caracas, Antonio Ledezma, et l'ex-maire de San Cristobal (sud-est), Daniel Ceballos - sont déjà incarcérées, l'un accusé de complot, l'autre pour avoir incité aux manifestations de 2014.

Luis Vicente Leon, dirigeant de l'institut d'analyses Datanalisis, juge lui que le gouvernement court le risque de créer un martyr, qui « aujourd'hui s'affirme comme le dirigeant bénéficiant du meilleur soutien populaire dans le pays ».

Selon Me Juan Carlos Gutiérrez, son avocat, le procès a été entaché d'irrégularités, reflétant « le manque d'indépendance » du système judiciaire vénézuélien. Il a annoncé qu'il ferait appel.

Pour dénoncer cette décision, un concert de casseroles a eu lieu dans le centre de Caracas.

Recherché, Leopoldo Lopez s'était rendu le 18 février 2014 aux autorités à l'issue d'une rassemblement politique réunissant des milliers de sympathisants à Caracas, sous l'oeil des caméras du monde entier. Il a observé cette année une grève de la faim de plusieurs semaines.

Jugées en même temps que lui, trois étudiants ont été condamnés à des peines de quatre à 10 ans de prison.

Âgé de 44 ans, Leopoldo Lopez est le fondateur du parti d'opposition Voluntad Popular (VP). Économiste notamment formé à Harvard, il avait pris la tête en 2014 d'un mouvement surnommé «La Salida», prônant le recours à la rue pour faire tomber le président socialiste Nicolas Maduro, dans le cadre des manifestations étudiantes antigouvernementales ayant secoué le pays entre février et mai 2014.

Ces manifestations particulièrement violentes avaient fait 43 morts et des centaines de blessés, et la juge a manifestement suivi le parquet qui affirmait que «les déclarations de M. Lopez via les médias et les réseaux sociaux ont incité ses partisans à la violence dans les rues et à ne plus reconnaître le gouvernement national et les institutions de l'État vénézuélien», selon un communiqué du parquet.

Devenu un symbole de la répression contre l'opposition menée par le gouvernement Maduro, M. Lopez était poursuivi pour association de malfaiteurs, incitation à la violence, dégâts sur des biens privés et incendie.

«Je suis innocent»

Fidèle à son style provocateur, Leopoldo Lopez a défié la juge lors du procès jeudi, selon des membres de son parti qui assistaient à l'audience, à laquelle la presse n'a pas eu accès.

«Si le verdict est une condamnation, vous aurez plus peur de le lire que moi de l'entendre, car vous savez que je suis innocent», aurait dit Lopez selon un tweet de David Smolanski, maire du district El Hatillo de Caracas où avait lieu le procès.

Juan Carlos Gutiérrez, un autre avocat de Leopoldo Lopez, a déclaré que le procès avait été entaché d'irrégularités, qui reflètent selon lui «le manque d'indépendance» du système judiciaire vénézuélien.

Un concert de casseroles a eu lieu dans le centre de Caracas pour dénoncer le jugement, ont annoncé des internautes sur les réseaux sociaux, tandis que l'opposition appelait à des manifestations «pacifiques».

«Nous appelons à des protestations pacifiques, démocratiques et constitutionnelles», a déclaré Jesus Torrealba, secrétaire exécutif de la coalition d'opposition Table ronde de l'Unité démocratique.

L'épouse de M. Lopez, Lilian Tintori, a appelé les partisans de son mari à se rassembler vendredi sur une place de l'est de Caracas pour protester contre cette condamnation.

Jeudi, des affrontements avaient éclaté entre les partisans de Leopoldo Lopez et des manifestants progouvernement à l'extérieur du palais de justice d'El Hatillo, et les partisans du président Maduro ont frappé les membres du parti de Lopez avec des bâtons et des bouteilles en plastique, a constaté un journaliste de l'AFP.

Selon le parti VP, l'un de ses militants est mort d'une crise cardiaque au cours de la bagarre. L'information n'a pas pu être vérifiée de source indépendante.

Adversaire du précédent président vénézuélien Hugo Chávez (1999-2013), Leopoldo Lopez s'était rendu le 18 février 2014 aux autorités à l'issue d'un rassemblement réunissant des milliers de sympathisants à Caracas, sous l'oeil des caméras du monde entier. Il a observé cette année une grève de la faim de plusieurs semaines.

Jugées en même temps que Leopoldo Lopez, trois autres personnes, tous des étudiants, ont également été condamnées jeudi. L'un à dix ans de prison, les deux autres à quatre ans chacun.