Au lendemain de la date prévue par le calendrier électoral, les résultats des législatives du 9 août n'ont toujours pas été rendus publics par le conseil électoral provisoire (CEP) d'Haïti qui n'a annoncé jeudi que les faibles taux de participation au scrutin.

Les premières élections organisées dans le pays depuis 2011 ont été boudées par la population : le taux de participation n'a atteint que 18 % à l'échelle nationale et dans le département de l'Ouest, le plus peuplé du pays, qui englobe la métropole de Port-au-Prince, seuls 10 % des électeurs se sont déplacés pour choisir leurs futurs députés et sénateurs.

Lors d'un bref point de presse tenu mercredi, le CEP a indiqué que dans aucune commune du pays la participation n'avait dépassé la barre des 50 %.

Mardi, candidats et électeurs ont attendu toute l'après-midi et la soirée, en vain, les déclarations du CEP : à la date choisie par cette administration pour l'annonce des résultats, aucun officiel ne s'est présenté devant les journalistes.

Dans la journée de mercredi, certaines stations de radios ont diffusé des listes de candidats qualifiés pour le deuxième tour des législatives; des fuites sans garantie de fiabilité qui ont été largement reprises sur les réseaux sociaux.

Violences lors du scrutin

C'est finalement en fin d'après-midi que les membres du CEP se sont présentés devant les journalistes, fournissant les taux de participation et condamnant les auteurs des violences qui ont perturbé la bonne tenue du scrutin.

Le conseiller électoral, Nehemy Joseph a indiqué que « le décret électoral prévoit l'exclusion de partis politiques » ayant pris part aux incidents provoquant la fermeture anticipée de dizaines de centres de vote.

Tirs à l'arme automatique à proximité de bureaux de vote, saccages des urnes ou encore agression armée d'un membre du personnel électoral : 16 candidats en lice au premier tour ont déjà été exclus du processus par le CEP, qui les accuse de ces méfaits.

En raison de ces crimes et délits, le CEP a annoncé que le scrutin sera réorganisé dans 25 des 119 circonscriptions électorales que compte Haïti.

Il s'agit, a expliqué le conseiller électoral Pierre Manigat Junior, « des circonscriptions pour lesquelles moins de 70 % des procès verbaux des bureaux de vote ont été acheminés » jusqu'au centre de tabulation à Port-au-Prince, où est organisé le décompte des voix.

Message d'erreur sur le site internet annonçant les résultats

Ces détails fournis à la presse, les membres du CEP ont quitté la salle sous escorte policière, sans dire un mot quant aux résultats du vote du 9 août.

« Tous les résultats sont disponibles, par circonscription, sur le site internet du CEP » a indiqué Pierre-Louis Opont, président du conseil électoral.

Mais avant même cette annonce, cet unique site internet à disposer des résultats officiels des élections n'affichait qu'un message d'erreur. Il est encore impossible d'y consulter la moindre page.

En prévision d'éventuels débordements violents de partisans de candidats écartés de la course électorale, la police nationale d'Haïti (PNH) a mobilisé ses effectifs dans la capitale et en province. Des contingents policiers et militaires de la mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) sont prêts à appuyer le travail de la PNH.

Alors que les résultats officiels ne sont pas encore disponibles, aucun incident n'est à déplorer dans les rues de Port-au-Prince et des principales villes du pays.