Le Brésil va connaître dimanche une nouvelle journée de manifestations convoquées dans tout le pays pour exiger le départ de la présidente Dilma Rousseff aux prises avec le vaste scandale de corruption Petrobras qui éclabousse sa coalition de centre-gauche.

Réélue difficilement en novembre pour un second mandat de quatre ans, la présidente pâtit également de la crise économique et des mesures d'austérité qu'elle a adoptées alors qu'elle avait rejeté cette hypothèse lors de sa campagne.

Dilma Rousseff, 67 ans, est désormais la présidente du Brésil la plus impopulaire depuis la fin de la dictature militaire en 1985. Sa cote de popularité est tombée à 8 % seulement.

Les organisateurs espèrent à nouveau faire défiler tout au long de la journée des centaines de milliers de personnes dans 240 villes pour réclamer - comme en mars et en avril déjà -, la fin de l'impunité dans les affaires de corruption et la destitution de la présidente.

«Le gouvernement dépense mal, les hommes politiques volent et détournent d'énormes quantités d'argent et c'est la population qui doit trinquer ? Non. La facture de toutes ces années est arrivée et ce n'est pas la nôtre», affirment dans leur convocation sur internet les porte-parole du mouvement «Vem Pra Rua» (Viens dans la rue).

C'est l'un des principaux organisateurs des manifestations au côté du Mouvement Brésil Libre (MBL), qui se définit comme la «nouvelle droite», et de «Revoltados on line» (Révolté on line).

Ces manifestations ont rassemblé au total cette année quelque trois millions de personnes (sur 204 millions de Brésiliens). Il s'agit le plus souvent de groupes hétéroclites qui clament qu'ils ne veulent plus du Parti des Travailleurs (PT, gauche), au pouvoir depuis 12 ans.

Certains groupes très minoritaires vont jusqu'à revendiquer le retour des militaires, au pouvoir de 1964 à 1985.

Les manifestations de dimanche auront pour la première fois, le soutien explicite du Parti de la sociale démocratie (PSDB, opposition) dont le leader est le sénateur Neves, candidat malheureux à la présidentielle de 2014. M. Neves a déclaré qu'il voulait y participer personnellement.

Destitution? 

«Je ne vois pas de grande différence avec la manifestation d'avril. C'est la continuité d'une situation où les secteurs liés à Aecio Neves veulent paver la voie à pour une nouvelle élection» en prônant une destitution, a déclaré à l'AFP l'analyste politique Fabio Wanderlei Reis, de l'Université fédérale du Minas Gerais.

Toutefois, «ce qui est souhaité par cette aile du PSDB, proche de Neves, n'a pas encore d'appui légal dans la Constitution», souligne-t-il.

Un «impeachment forcé» pourrait, selon lui, «déboucher sur un climat social difficile à prévoir».

Pour M. Reis, il s'agira dimanche dans les manifestations «du même type de protestation qu'en avril avec des revendications anti-Rousseff, dans un contexte d'intensification de la crise économique».

Le Brésil, septième économie de la planète est au bord de la récession avec une inflation de 9 % sur les 12 derniers mois.

Mais la présidente tient bon: «Je continuerai à travailler pour honorer et réaliser vos rêves», a-t-elle promis mercredi à l'issue d'une manifestation de 35 000 femmes de zones rurales qui ont défilé dans la capitale Brasilia pour la soutenir.