Daniel Scioli, candidat à la présidentielle d'octobre soutenu par la coalition au pouvoir en Argentine, s'est affirmé comme le favori pour succéder à la présidente de gauche Cristina Kirchner, à l'issue des élections primaires dimanche.

Les primaires générales de tous les partis, le même jour, sont destinées à entériner les investitures pour l'élection présidentielle du 25 octobre, mais elles permettent aussi de mesurer le rapport de force à deux mois et demi de la présidentielle, car tous les Argentins étaient appelés à voter.

Selon les premiers résultats partiels officiels portant sur 11,2% des bureaux, Scioli a totalisé 36,4% des voix, devant l'ancien maire conservateur de Buenos Aires, Mauricio Macri (30,3%), et le député Sergio Massa (23%), ancien chef du gouvernement de Mme Kirchner qui a fait dissidence.

Les primaires, organisées sous cette forme depuis 2009, donnent généralement une tendance irréversible. Lors des primaires de 2011, Mme Kirchner avait totalisé 50% des suffrages, devançant de plus de 30 points le deuxième candidat, Ricardo Alfonsin (UCR, centre-gauche).

Daniel Scioli est le candidat de la coalition gouvernementale qui a limité l'accès aux devises étrangères, imposé lourdement les importations et mené une politique anti libéralisme notamment sur le front de la dette, mais cet ancien champion de bateau off-shore est plutôt perçu en Argentine comme un libéral.

Cette semaine, il a annoncé qu'il s'inscrivait dans la continuité, qu'il allait «approfondir» certaines mesures décidées pendant les 12 ans de régime Kirchner, mais qu'il opèrerait des changements dans la gestion du pays, sans pour autant dévoiler lesquels.

Alors que Mme Kirchner est soupçonnée de vouloir maintenir son influence après son départ, en soutenant la candidature de son homme de confiance Carlos Zannini à la vice-présidence, Scioli a martelé jeudi: «Je vais faire ce qui est nécessaire et je vais le faire à ma manière».

«Aucun candidat n'a la victoire assurée»

De son côté, le conservateur Mauricio Macri incarne le changement et la rupture avec la gestion péroniste, la mouvance de Mme Kirchner, qui a mené des politiques néo-libérales dans les années 1990.

Maire de Buenos Aires pendant huit ans, Mauricio Macri est l'opposant le mieux placé. Ancien président du célèbre club de football de Boca Juniors, il a les faveurs des milieux économiques qui voient en lui l'homme capable de supprimer les obstacles protectionnistes érigés depuis 2003.

Pour barrer la route aux péronistes et élargir sa base électorale, M. Macri a intégré à sa coalition l'UCR, parti traditionnellement de centre-gauche, qui dispose du maillage territorial dont manquait son parti, le PRO (Proposition Républicaine, formation de droite) à travers l'Argentine.

«Nous ne voulons plus que celui qui gagne l'élection présidentielle se sente le propriétaire de l'État», a dénoncé voici quelques jours M. Macri, 56 ans.

Lors des primaires, «la majorité des Argentins a exprimé son désir de changement», a déclaré Horacio Rodriguez Larreta, élu en juillet maire de Buenos Aires, pour le compte du PRO.

Sergio Massa, dissident kirchnériste, s'affirme comme le troisième candidat le mieux placé.

Nestor (2003-2007) puis Cristina Kirchner (2007-2015) ont gouverné pendant 12 ans l'Argentine, mais la constitution n'autorisait pas Mme Kirchner à se présenter pour un 3e mandat.

Dans l'histoire de l'Argentine, aucune élection ne s'est jouée au 2e tour. Le mode de scrutin est favorable à une victoire au 1er tour. Avec 40% des voix et une avance de 10% sur le deuxième, un candidat est déclaré victorieux. De même s'il atteint 45% des suffrages.

Pour le politologue Carlos Fara, «les primaires sont un indicateur de la force électorale de chaque camp, et les électeurs prennent leur décision en fonction du cadre qui émerge des primaires. Les primaires font office de 1er tour, et de grand sondage qui oriente la population».

«Avec les résultats de ce soir, aucun candidat n'a la victoire assurée», a estimé Julio Barbaro, un expert électoral.

La troisième économie d'Amérique latine oscille entre ralentissement et récession depuis fin 2013 et un des grands défis du prochain président sera de gérer le contentieux avec les fonds «vautours» sur le remboursement de la dette, après la crise économique de 2001/2002.