Le gouvernement colombien et la guérilla des FARC ont repris vendredi leurs pourparlers de paix à La Havane alors que sur le terrain le conflit est en recrudescence ces dernières semaines.

Après une pause de six jours, les négociateurs de la rébellion et du gouvernement se sont retrouvés dans la matinée en vue de conclure un accord partiel sur le volet des réparations aux victimes, quatrième des six points à l'agenda des discussions de paix.

Pour les deux camps, qui négocient depuis novembre 2012 dans la capitale cubaine, il est crucial de donner un peu d'air à un processus menacé par un regain d'affrontements armés depuis mi-avril. Ces multiples accrochages et bombardements ont provoqué la levée, le 22 mai, du cessez-le-feu unilatéral décidé six mois plus tôt par la guérilla.

«L'atmosphère (...) est chargée de nuages épais qui sont venus obscurcir le chemin qui nous reste à parcourir» pour parvenir à la paix. «Nous le déplorons», a déclaré vendredi devant la presse Pastor Alape, un des principaux négociateurs des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC).

M. Alape a pointé du doigt l'ancien ministre de la Défense colombien, récemment remplacé et nommé comme ambassadeur de la Colombie à Washington Juan Carlos Pinzon. Ce dernier, qui ne cachait pas son hostilité envers la rébellion, est rendu responsable de la fin du cessez-le-feu rebelle par les FARC.

«En tant que ministre de la Défense, son caractère belliqueux l'a conduit à considérer que la trêve (unilatérale de la guérilla) signifiait sa défaite», a accusé M. Alape.

Cette trêve avait été décidée unilatéralement en décembre dernier par la guérilla en dépit du refus catégorique du président Juan Manuel Santos de suspendre les opérations de l'armée.

Après une accalmie de plusieurs mois, les affrontements armés ont fait 15 morts parmi les militaires et 27 parmi les rebelles depuis mi-avril, alors que les FARC ont repris leurs sabotages d'installations pétrolières dans le pays.

Jeudi, deux explosions ont secoué Bogota, faisant au moins dix blessés légers. Vendredi, les autorités n'avaient pas encore désigné de responsable pour cet acte qualifié de «terroriste».

La Colombie est le théâtre depuis plus d'un demi-siècle d'un conflit opposant guérillas d'extrême gauche, forces armées et milices d'extrême droite ayant fait 220 000 morts et plus de cinq millions de déplacés.