Les États-Unis et Cuba continueront vendredi leurs négociations à Washington en vue de rétablir leurs relations diplomatiques rompues depuis un demi-siècle, dans le cadre du dégel historique amorcé entre les deux ennemis de la Guerre froide, ont annoncé jeudi les deux gouvernements.

Pour la quatrième fois depuis janvier, des délégations des deux ministères des Affaires étrangères se sont retrouvées jeudi au département d'État pour discuter de la réouverture de chancelleries et l'échange d'ambassadeurs entre les deux capitales.

Les entretiens vont se poursuivre vendredi et seront suivis de conférences de presse distinctes de responsables américains, puis de responsables cubains, a indiqué le département d'État. Le ministère cubain des Affaires étrangères l'a confirmé par un tweet, faisant état de «progrès» dans les discussions de jeudi.

Toute la journée, la secrétaire d'État adjointe américaine responsable de l'Amérique latine, Roberta Jacobson, a fait face à la directrice générale cubaine chargée des États-Unis, Josefina Vidal Ferreiro. Les deux femmes étaient entourées de leurs conseillers dans une ambiance visiblement détendue, mais sans un mot pour la presse.

La veille, devant la commission des Affaires étrangères du Sénat américain, Mme Robertson avait refusé de s'avancer sur une date pour la réouverture des ambassades, qui avait déjà été annoncée pour le début du mois d'avril. Les deux régimes entretiennent depuis 1977 des sections d'intérêts qui font office de chancelleries, mais les relations diplomatiques sont en théorie rompues depuis 1961.

La diplomate américaine avait aussi reconnu que la question épineuse des droits de l'homme et de la démocratie demeurait la principale pierre d'achoppement entre Washington et La Havane. «Nous continuons de faire part de nos inquiétudes relatives à la démocratie, aux droits de l'homme et à la liberté d'expression», avait assuré la négociatrice américaine devant des sénateurs, dont le républicain d'origine cubaine Marco Rubio, hostile à une réconciliation entre les États-Unis et l'île communiste castriste.

D'ailleurs, des organisations d'exilés cubains à Miami avaient affirmé mercredi que la répression dans l'île des Caraïbes avait augmenté de manière «dramatique», La Havane ayant un sentiment d'«impunité» grâce à son rapprochement avec Washington.

Après des mois de tractations secrètes entre les États-Unis et Cuba, sous l'égide du Vatican, les présidents Barack Obama et Raul Castro avaient annoncé le 17 décembre dernier une amorce de rapprochement après plus de 50 ans de crise et de tensions héritées de la Guerre froide. Les deux dirigeants se sont rencontrés lors d'un tête-à-tête historique à Panama en avril.

Signe supplémentaire d'un changement de climat, le porte-parole de M. Obama, Josh Earnest, a accueilli jeudi, fait rare, des journalistes cubains lors de son point de presse quotidien en leur souhaitant «Bienvenue aux États-Unis et à la Maison-Blanche!».