L'un des leaders de l'Église catholique au Paraguay a admis, dimanche, que le pays était profondément divisé quant au cas d'une jeune fille de 10 ans enceinte qui s'est fait refuser un avortement.

Le débat entourant cette fillette a attiré une attention inhabituelle autour de la maltraitance des enfants et de l'avortement, qui est strictement interdit au Paraguay, sauf quand la vie de la mère est en danger.

Durant son homélie de dimanche, le président de la Conférence épiscopale du Paraguay, Claudio Gimenez, a reconnu que le pays était «divisé en deux». Certains réclament la légalisation de l'avortement, «le meurtre d'un innocent en cours de gestion», a-t-il dit, tandis que d'autres s'y opposent.

La sénatrice Esperanza Martinez, qui était autrefois ministre de la Santé, a déploré que le débat sur la capacité physique de la jeune fille à porter un enfant ait pris plus de place que le débat sur son bien-être mental et physique. Devant le Sénat, elle a résumé la situation en affirmant que la fillette était simplement considérée comme un «utérus».

Dans ce pays de 6,8 millions d'habitants, environ 600 filles de moins de 14 ans deviennent enceintes chaque année.

Amnistie internationale a demandé aux autorités du Paraguay de permettre un avortement pour protéger la jeune fille, ou à tout le moins, de mettre sur pied un comité médical pour évaluer son état de santé. Mais le ministre de la Santé, Antonio Barros, a déclaré en conférence de presse que la fillette, qui se trouve dans un hôpital de la Croix-Rouge, est en bonne santé et que sa grossesse, qui en est maintenant à son cinquième mois, est trop avancée pour envisager un avortement.

Samedi, la police a annoncé l'arrestation du beau-père en fuite de la jeune fille, qui est accusé de l'avoir violée. Selon des médias paraguayens, il nie les faits qui lui sont reprochés. La mère de l'enfant avait déjà été arrêtée pour avoir supposément omis de protéger sa fille.

L'homme de 42 ans a été placé en isolement pour éviter d'être attaqué par les autres détenus, a indiqué le chef de la police, Luis Rojas.