L'aspersion aérienne de glysophate pour détruire les plantations de drogues en Colombie a divisé mardi le gouvernement, après une mise en garde de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sur les risques de cet herbicide.

Le ministre de la Défense, Juan Carlos Pinzon, a vivement défendu cette pratique utilisée contre les champs de coca, la plante servant à fabriquer la cocaïne, tandis que son collègue de la Santé, Alejandro Gaviria, avait la veille prôné un moratoire.

«Nous devrons continuer ces aspersions jusqu'à nouvel ordre», a lancé M. Pinzon, soulignant que les autorités ne pouvaient pas «se permettre de donner un avantage à la délinquance».

Cette polémique au sein de l'exécutif colombien survient à la suite de l'avis émis en mars par l'OMS qui a classé le glysophate, un des principaux herbicides industriels, comme «cancérigène probable».

Fort de cette étude, M. Gaviria a publié une lettre ouverte aux services anti-narcotiques dans laquelle il leur recommande de «suspendre de façon immédiate» les aspersions de ce pesticide, invoquant le risque d'«effets néfastes pour la santé» .

L'avis de l'OMS est «une condition suffisante pour respecter le principe de précaution», estime le ministre de la Santé, à la différence de celui de la Défense selon lequel «il existe de multiples études sur cette question qui ne sont pas concluantes».

Premier producteur mondial de cocaïne avec le Pérou, la Colombie recourt depuis des années à l'aspersion aérienne de glysophate, dans le cadre d'un plan de lutte antidrogue financé par les États-Unis.

La décision définitive sur l'utilisation de cette technique pourrait revenir au Conseil national des Stupéfiants ou au président colombien Juan Manuel Santos.