Un vol perpétré récemment dans une mine d'or à Mexico, d'une valeur de 10,7 millions de dollars, a révélé au grand jour les risques que court ce secteur au pays, qui est aux prises avec de nombreux problèmes.

Le vol armé à la mine McEwen Mining's El Gallo fait suite à plusieurs autres infractions survenues depuis cinq ans sur ces installations, dont celui à la Pan American Silver and First Magestic, qui avait perdu plusieurs millions de dollars.

Andrew Kaip, analyste de la recherche à BMO Marché des capitaux croit que ce sont des événements courants au Mexique qui surviennent quelques fois par année. Il a ajouté que la plupart du temps les entreprises étaient couvertes par des assurances.

Or, d'autres problèmes affligent le secteur minier, aussi graves que des enlèvements et des meurtres. Le mois dernier, quatre employés de la société minière canadienne Goldcorp ont été capturés dans leur propre voiture alors qu'ils se rendaient à la maison. L'un de ceux-ci a été libéré, mais trois ont été retrouvés morts.

En février, quatre travailleurs d'une autre entreprise canadienne Torex Gold Resource étaient parmi les 13 personnes kidnappées sur le site du projet de mine d'or Morelos. Ils ont tous finalement été relâchés.

Toujours en février, la société belge Nyrstar a fermé ses installations de Campo Morado indéfiniment parce que ses employés se faisaient «intimider systématiquement». Sa mine avait produit de l'or, de l'argent, du cuivre et du zinc d'une valeur de 124 millions de dollars.

Le crime organisé serait responsable de ces incidents, ce qui fait craindre les autorités, alors que la dynamique des cartels au pays est appelée à changer.

Alejandro Schtulmann, directeur de la firme d'analyse de risque mexicaine Empra, estime que les gros cartels du pays ont vécu une scission, faisant naître des centaines de petites organisations qui sont en conflit entre elles.

«Les groupes criminels se battent entre eux et ils pourraient faire de l'extorsion dans les projets de mine pour trouver l'argent et arriver à leurs fins (...) Cela pourrait mener à plus d'enlèvements», a-t-il constaté.

Le gouvernement mexicain a renforcé ses effectifs de sécurité partout au pays pour protéger les mines. L'année dernière, le président Enrique Pena Nieto a indiqué que 5000 nouveaux policiers seraient affectés à cette tâche.

Il ne semble pas avoir eu d'effet à cette politique; les entreprises encore peu rassurées investissent elles-mêmes beaucoup d'argent pour protéger leurs installations.

«Nous avons augmenté considérablement notre sécurité dans la dernière année», a indiqué le directeur général de l'entreprise vancouvéroise Great Panther, Bob Archer. Alors que le budget à cet effet était «pratiquement inexistant» avant, Great Panther dépense désormais 1,5 million de dollars annuellement sur des gardes de sécurité, des caméras de surveillance et des barrières.

Le directeur général de la mine McEwen avait révélé la semaine dernière qu'il consultait les cartels locaux avant de s'établir dans certaines zones. Rob McEver avait dû rectifier le tir en affirmant que l'entreprise n'avait pas des contacts étroits avec les criminels, mais il n'a pas nié qu'il puisse avoir eu certaines communications avec eux.

D'autres entreprises sur le terrain croient toutefois qu'il est inévitable d'avoir à les consulter. «C'est raisonnable d'avoir un certain dialogue si vous êtes vraiment actifs dans la région, juste pour des questions de sécurité. Ce n'est pas de la collusion ou de la coopération, mais c'est la réalité des choses», a souligné Bob Archer.