Des milliers de poissons morts flottent depuis plus d'une semaine et dégagent une odeur fétide dans la lagune Rodrigo de Freitas à Rio, qui accueillera les épreuves d'aviron et de canoë-kayak lors des jeux Olympiques de 2016.

La compagnie de nettoyage municipale (Comlurb) a retiré 37,4 tonnes de ces poissons argentés (aloses), «morts probablement en raison d'un manque d'oxygène», a déclaré jeudi à l'AFP l'océanographe David Zee, de l'Université de l'État de Rio (Uerj).

«Les aloses sont extrêmement sensibles et nagent en profondeur, elles n'ont pu fuir - comme d'autres poissons qui nagent plus en surface - le manque d'oxygène. Et le fait qu'elles meurent et entrent en putréfaction aggrave la situation», dit-il.

«D'ici aux jeux Olympiques, il faudra prendre des mesures. Il est encore temps d'améliorer la qualité de l'eau de la lagune. Il faut draguer le fond pour que l'échange des eaux (mer-lagune) se fasse plus facilement», assure l'océanographe.

Felipe Xavier, athlète d'aviron du club Botafogo qui rame 30 km par jour pour son entraînement, témoigne: «Je suis obligé de venir m'entraîner. Cette mortalité de poissons nous dérange, car l'odeur est très forte et la quantité de poissons crevés freine le bateau».

En octobre et février, des milliers d'aloses mortes avaient déjà fait leur apparition autour de la baie de Rio. On ne sait toujours pas si le phénomène était de nature environnementale ou si c'est parce que les pêcheurs les rejetaient de leurs filets, car elles n'ont pas de valeur commerciale.

Dans un communiqué, le secrétariat municipal à l'environnement précise que «les pluies intenses de la semaine dernière et le ressac de la grande marée ont donné lieu à une grande entrée d'eau dans la lagune, ce qui a provoqué un choc thermique».

«Les poissons collectés sont des aloses, extrêmement sensibles aux variations de températures», souligne cet organisme, ajoutant que ce phénomène s'est déjà produit en août 2011.

Alexandre Fernandez, entraîneur d'aviron du club de Botafogo, assure à l'AFP que cette mortalité «survient de temps à autre, mais qu'elle est due à des causes naturelles et pas à la pollution».

Il n'est pas inquiet pour les JO : «ça va être une date si importante pour la ville, qu'il peut mourir une quantité énorme de poissons, telle que dès le second jour, ce sera propre, quitte à appeler l'armée pour retirer les poissons... Une solution sera trouvée», affirme-t-il.