Cinq mois après les semailles et la germination, le Chili a effectué mardi la première récolte autorisée de marijuana à usage médicinal, dans le cadre d'un programme visant à atténuer les douleurs de 200 patients atteints de cancer.

Quelque 400 plants de marijuana en pots mesurant plus de deux mètres de haut ont été présentés à la presse sur un terrain sécurisé de la municipalité de La Florida, au sud de Santiago, une initiative de la Fondation Daya, qui promeut l'usage de la marijuana à des fins thérapeutiques.

«Ici, nous parlons de la dignité des patients qui meurent tous les jours dans les pires souffrances et prennent des médicaments très chers», a déclaré Rodolfo Carter, maire de La Florida.

«Si nous réussissons à soulager un seul patient, nous pouvons changer la vie de beaucoup de gens», a-t-il ajouté.

Cecilia Heyder, 47 ans, atteinte de lupus et d'un cancer du sein depuis 2009, a déjà consommé avec succès de la marijuana à des fins thérapeutiques, mais cela lui a valu d'être arrêtée à plusieurs reprises par la police avant d'obtenir un permis pour pouvoir en cultiver.

«Maintenant je n'ai plus besoin de fauteuil roulant, cela a changé ma qualité de vie, je ne vais pas mieux, mais je n'ai pas de douleurs,» raconte-t-elle.

«Nous avons développé ce projet pendant des mois, d'abord en plantant les graines, puis en cultivant les plantes, et aujourd'hui en débutant la récolte qui va nous permettre de produire une huile médicinale destinée à soulager 200 patients atteints de cancer», a expliqué Rodolfo Carter.

Ces patients feront l'objet d'une étude clinique pour vérifier les résultats du traitement.

Au Chili, la marijuana est encore considérée comme une drogue dure par la législation.

Un projet de loi visant à en dépénaliser la culture à usage personnel ou thérapeutique a franchi une étape importante lundi avec son approbation par la commission de la santé de la Chambre des députés.

Le projet, qui doit être voté par la Chambre puis par le Sénat, maintient l'interdiction de fumer en public la marijuana, fixe la possession personnelle à 10 grammes et l'intègre dans la liste des drogues douces comme l'alcool.

Pour Ana Maria Gazmuri, présidente de la fondation Daya, «le cannabis a des propriétés analgésiques, anti-inflammatoires, antiémétiques, régulateur du sommeil et de l'appétit, par conséquent nous voyons une amélioration générale des conditions de vie de ces patients et c'est ce que nous voulons démontrer avec cette étude clinique».

«C'est un espoir pour nous tous» a commenté à l'AFP Carlos Gonzalez, un autre bénéficiaire de projet, souffrant d'un cancer intestinal.