La police de Rio de Janeiro a dispersé vendredi à l'aide de gaz lacrymogène une manifestation dans une favela, après la mort la veille d'un enfant de dix ans dans un échange de tirs.

Plusieurs centaines de personnes, criant «la police ne tue que les habitants!» et «dehors les UPP» (Unités de police pacificatrice, installées dans les favelas), ont bloqué l'un des accès au complexe de favelas Alemao, où vivent 70 000 personnes, selon des images de la télévision.

Portant des draps blancs, elles ont répliqué aux tirs de gaz lacrymogène en lançant des pierres, selon des journalistes sur place. Un policier a été blessé, d'après la police de Rio.

La mort de l'enfant est survenue jeudi soir, alors que des policiers qui patrouillaient dans le secteur ont été «accueillis par des tirs de criminels de la communauté d'Areal», une des favelas d'Alemao, selon la police.

«Il y a eu un échange de tirs et un enfant a été touché, il n'a pas survécu à ses blessures», a indiqué la police à l'AFP. Les parents de l'enfant tué, Eduardo Jesus Ferreira, ont accusé les forces de l'ordre.

«Je n'oublierai jamais le visage du policier qui en a fini avec ma vie. Quand j'ai couru pour lui parler, il m'a visée avec son arme. Je lui ai dit ''Tu peux me tuer, ma vie est déjà finie''», a raconté sa mère au site d'informations G1. Elle a précisé au journal O Globo n'avoir pas entendu d'échange de tirs, mais un seul coup.

Dans un communiqué, la présidente brésilienne Dilma Rousseff a manifesté sa «solidarité» avec les parents, demandant que «les circonstances de cette mort soient éclaircies et les responsables jugés et punis». Le gouverneur de Rio, Luis Fernando Pezao, s'est engagé à arrêter les responsables.

Mercredi, une femme a été tuée par une balle perdue, dans sa maison, et sa fille blessée, alors que policiers et narcotrafiquants s'affrontaient non loin de là. Les trafiquants de drogue cherchent à reprendre le contrôle de cet immense ensemble de favelas, dans lequel la police a repris pied ces dernières années.

Au total, quatre personnes sont ainsi décédées par balles, et trois autres ont été blessées en un peu plus de 24 heures à Rio. Les circonstances des deux autres décès n'ont pas été communiquées.

À un an des Jeux Olympiques de 2016, l'insécurité reste un enjeu majeur à Rio, avec de nombreux policiers tués par des trafiquants et des affrontements réguliers entre bandes rivales.