Plusieurs milliers de manifestants ont défilé jeudi à Mexico pour marquer la disparition il y a six mois de 43 étudiants et rejeter la tenue d'élections le 7 juin dans l'État du Guerrero ou s'est déroulée la tragédie.

Les proches des élèves-enseignants de l'école normale d'Ayotzinapa continuent de rejeter les conclusions des autorités selon lesquelles ces jeunes ont probablement tous été massacrés par un groupe criminel.

«Le Guerrero demande justice pas des élections» clamait l'une des banderoles des manifestants qui ont parcouru la principale avenue de Mexico, Paseo de la Reforma, derrière les proches des disparus.

Plusieurs centaines de personnes s'étaient rassemblées auparavant devant l'Institut national électoral (INE).

Une délégation de parents, d'étudiants et de membres d'organisations civiles ont remis une lettre en ce sens à l'Institut. «Ces six mois ont été pour nous une période de torture, de douleur, de souffrance» a dit Meliton Ortega, oncle de l'un des disparus de l'école normale d'Ayotzinapa.

«En tant que parents, nous ne pouvons permettre qu'au Guerrero et dans ce pays il y ait des élections» aussi longtemps les jeunes n'auront pas été retrouvés, a-t-il déclaré.

Le président mexicain Enrique Pena Nieto, dont la popularité et tombé à 39% selon un sondage publié par le quotidien Reforma, a déclaré à la presse que, face aux menaces de boycottage des élections partielles mexicaines du 7 juin, les autorités allaient tout faire pour créer «des conditions optimales pour une journée électorale exemplaire».

Interrogé au sujet de sa faible popularité, le président a dit qu'il tentait d'améliorer les conditions de vie des Mexicains. «Mais je ne travaille pas pour obtenir de petites médailles en récompense», a-t-il dit.

Incertitudes persistantes sur le sort des 43

Selon les autorités, la police locale de la ville d'Iguala a enlevé les étudiants dans la nuit du 26 au 27 septembre puis les a remis au groupe criminel des Guerreros Unidos qui les auraient tués avant d'incinérer leurs corps.

Mais seuls les restes de l'un des 43 étudiants ont pu être identifiés parmi ceux découverts dans une décharge et une rivière à Cocula, près d'Iguala.

Selon les autorités judiciaires, 104 personnes ont été arrêtées, dont 64 policiers d'Iguala et de Cocula, et 40 membres supposés du cartel des Guerreros Unidos, ainsi que le maire de la ville Joser Luis Abarca et son épouse, Maria de los Angeles Pineda.

Les étudiants d'Ayotzinapa avaient indiqué s'être déplacés à Iguala à bord de cars qu'ils avaient détournés afin de recueillir des fonds pour leur école, considérée comme un bastion de la gauche radicale.

Selon les enquêteurs, le maire avait ordonné à la police d'Iguala d'intercepter les étudiants de crainte qu'ils ne perturbent un discours de son épouse.

Des ONG de défense des droits de l'homme ont critiqué le déroulement de l'enquête, soulignant que ses conclusions ne reposaient que sur des témoignages et non pas sur des preuves physiques.

«Nous exprimons notre préoccupation devant les récentes tentatives du gouvernement mexicain de discréditer et de ne pas prendre en compte les recommandations et observations d'organisations internationales de défense des droits de l'homme», ont écrit jeudi dans un communiqué plusieurs de ces organisations, dont Amnistie internationale.