Près d'un million de Brésiliens ont manifesté dimanche contre la présidente de gauche Dilma Rousseff, dans 74 villes du pays, dont plus de la moitié à Sao Paulo (sud-est), selon des estimations de la police militaire.

À Sao Paulo, capitale économique du géant d'Amérique latine et fief de l'opposition, un immense cortège rassemblait vers 15H20 (18H20 GMT) quelque 580 000 personnes dans le centre-ville, a indiqué la police militaire locale sur son compte twitter.

Une foule gigantesque, en jaune et vert, envahissait l'avenue Paulista à perte de vue, entonnant l'hymne national brésilien ou scandant des appels à la destitution de Dilma Rousseff, réélue de justesse fin 2014 pour un second mandat de quatre ans.

«Nous voulons maintenant la destitution de Dilma Rousseff», a déclaré à une journaliste de l'AFP Rubens Nunes, un avocat de 26 ans, conseiller juridique du mouvement citoyen Brésil Libre, à l'origine de cette manifestation officiellement apolitique.

«Il existe des fondements juridiques solides suffisants (...) Il est absurde qu'elle continue d'affirmer qu'elle ne savait rien» du vaste système de corruption au sein du groupe étatique pétrolier Petrobras qui éclabousse sa majorité parlementaire, a estimé M. Nunes. «C'est au minimum une grave erreur de gestion», a-t-il ajouté.

La manifestation monstre de Sao Paulo, à laquelle se sont joints des camionneurs en colère contre la récente augmentation du prix du gasoil, se déroulait pacifiquement, comme les autres manifestations qui se sont déroulées depuis le matin sur toute l'étendue de ce pays continent de 202 millions d'habitants.

Les manifestations de dimanche, qui ont notamment rassemblé quelque 50 000 personnes à Brasilia, 24 000 à Belo Horizonte et 12 000 à Rio de Janeiro, selon des estimations de la police militaire ville par ville, sont les plus importantes enregistrées dans le pays depuis la fronde sociale historique de juin 2013.

Les plus importantes manifestations de juin 2013 avaient rassemblé jusqu'à 1,5 million de personnes en une journée pour protester contre la facture publique du Mondial de football, la corruption et l'indigence des services publics.

Trois mois à peine après avoir entamé son second mandat, la présidente Rousseff est confrontée au mécontentement croissant des pans de la population proches de l'opposition conservatrice en raison de la crise économique qui frappe le pays et du scandale Petrobras qui ébranle la coalition au pouvoir.