Une cinquantaine de journalistes ont manifesté mercredi au Guatemala après la mort de deux de leurs confrères, abattus mardi lors d'une attaque menée par des inconnus à moto, des meurtres condamnés par l'ONU et l'UNESCO.

«Nous ne pouvons pas continuer à voir nos confrères se faire assassiner», a déclaré à l'AFP Oscar Rivas, photographe du journal Prensa Libre, qui manifestait dans la capitale.

«Les idées se débattent avec des idées, pas en tuant des journalistes», disait une pancarte noire avec les photographies des trois professionnels touchés dans cette attaque, dans la protestation organisée à Quetzaltenango, tandis qu'une troisième marche s'est déroulée à Mazatenango.

Danilo Lopez, journaliste à la revue Prensa Libre, l'un des principaux journaux du pays, et Federico Salazar, de la radio Nuevo Mundo, ont été abattus mardi dans cette attaque, à Mazatenango. Le troisième journaliste, Marvin Tunches, d'une télévision locale, a été blessé.

La police a indiqué mercredi avoir arrêté un des auteurs supposés de l'agression.

Dans un communiqué commun, le bureau du Haut commissaire des Nations pour les droits de l'Homme et l'Unesco ont condamné cette «attaque armée», tandis que la fondation de la prix Nobel de la Paix Rigoberta Menchu a dénoncé un «assassinat lâche» et «une attaque directe à la libre expression et aux piliers fondamentaux de la démocratie».

Danilo Lopez était la cible constante de menaces de la part d'autorités municipales de son département en raison d'articles sur la corruption locale, a affirmé Miguel Angel Mendez, directeur de Prensa Libre.

«Nous apprenons cette nouvelle dans un contexte d'insécurité perceptible» au Guatemala, a-t-il regretté dans un entretien à Radio Sonora.

Marvin Robledo, directeur de la radio Nuevo Mundo, s'est lui dit «consterné».

«J'ai parlé à mon mari à la mi-journée» mardi, a témoigné en larmes, auprès de Prensa Libre, Sarai Herrera, épouse de Danilo Lopez : «Je voulais qu'on mange ensemble car j'avais une surprise pour lui, je voulais lui dire que j'étais enceinte».

En janvier, l'Association des journalistes du Guatemala avait alerté sur l'augmentation des risques pour l'exercice de cette profession, tant en raison de procédures judiciaires que de violences, à l'approche des élections générales de cette année.

Selon le parquet, 74 journalistes ont été agressés en 2014 et 26 ont été tués ces 10 dernières années, dont 13 en 2013, dans ce pays de 15 millions d'habitants affichant l'un des plus hauts taux d'homicides au monde (16 meurtres par jour en moyenne).