Des experts du Bureau enquête analyse (BEA) ont commencé mercredi à inspecter en Argentine la zone de l'accident d'hélicoptères ayant notamment coûté lundi la vie à Florence Arthaud, Camille Muffat et Alexis Vastine, auxquels le monde sportif français a rendu un hommage ému.

Deux membres du BEA, accompagnés d'un représentant du motoriste Turbomeca et d'un autre d'Airbus Helicopter, sont arrivés vers 16h15 à l'aéroport de La Rioja puis se sont rendus en hélicoptère sur la zone du crash, distante d'environ 300 km.

Ils ont ensuite inspecté pendant environ une heure les épaves des deux appareils et devaient poursuivre leur travail jeudi et vendredi.

Aux côtés des enquêteurs locaux, ils doivent tenter de déterminer les causes de cet accident qui a coûté la vie à huit Français et deux pilotes argentins dans la localité de Villa Castelli, à un millier de kilomètres au nord-ouest de Buenos Aires.

Tous participaient au tournage d'une émission de télé-réalité pour la chaîne française TF1, mettant en scène des sportifs de haut niveau.

L'un des participants, Alain Bernard, champion olympique du 100 m nage libre en 2008, a raconté à l'AFP vivre «un mauvais cauchemar», évoquant «un accident aussi con et tragique qu'un autre».

«Tu entends l'hélicoptère s'éloigner et puis d'un coup tu entends un bruit et ensuite tu n'entends plus d'hélicoptère. Tu arrives sur place, tu vois les hélicoptères en feu. Tout ça, c'est marqué et ça le sera à vie. C'est violent», a-t-il raconté, interrogé depuis l'hôtel de l'équipe, à Villa Union, à quelques dizaines de kilomètres des lieux de l'accident.

«On se pose toujours la question: pourquoi eux, pas nous?», a confié à l'AFP l'ex-patineur Philippe Candeloro, un autre concurrent, indiquant que «tout est allé très vite»: «nos amis, surtout ceux qui avaient les yeux bandés, ils n'ont pas pu souffrir».

Le concept de l'émission requerrait en effet que les concurrents soit déposés les yeux bandés dans un lieu inconnu.

Philippe Candeloro a aussi évoqué l'équipe technique, dont cinq membres ont péri dans l'accident: «j'ai vu le désarroi des cameramen et preneurs de son de notre équipe. Eux, ils ont perdu des amis de quinze ans».

Hommages en France 

A Paris, un hommage aux champions décédés a réuni plusieurs centaines de sportifs et certains membres des familles des disparus à l'Insep, pépinière du sport de haut-niveau.

«Nous sommes lestés par la tristesse», a résumé Patrick Kanner, ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports.

Jean-Pierre Champion, président de la Fédération française de voile, a souligné que Florence Arthaud était «une icône de la voile ayant su s'imposer et se faire respecter dans un monde d'hommes».

Surnommée «la fiancée de l'Atlantique» après avoir remporté en 1990 La route du Rhum, Florence Arthaud avait 57 ans.

Francis Luyce, président de la Fédération de natation, a rappelé que «Camille Muffat avait l'objectif le plus honorable de tous, celui d'être heureuse». A Nice, la piscine où s'entraînait la jeune femme de 25 ans, l'une des championnes les plus titrées de l'histoire de la natation française, portera son nom.

«Il était le plus talentueux d'entre nous», a lancé AbdelKhader Bouhenia, qui a retenu ses larmes pour évoquer son ami «au sourire ravageur», le boxeur Alexis Vastine, 28 ans, médaillé de bronze aux jeux Olympiques de 2008

Footballeurs et basketteurs français respecteront ce week-end une minute de silence avant leurs matches. Les rugbymen observeront «une minute d'applaudissements».

Erreur humaine? 

Pour des experts aéronautiques interrogés par l'AFP, une erreur de pilotage pourrait être à l'origine du drame. Les deux hélicoptères, des Écureuils de facture récente (2010), volaient à proximité à faible altitude avant de se percuter, montrent des images de vidéo amateur.

Aux côtés d'Alain Bernard et de Philippe Candeloro, la cycliste Jeannie Longo et la snowboardeuse Anne-Flore Marxer sont encore en Argentine. Le footballeur Sylvain Wiltord était rentré en France avant l'accident.

Des légistes sont attendus à La Rioja pour identifier les corps, a précisé le porte-parole de la province, Roberto Ludeñas.

«La question de l'identification des corps est très compliquée», a-t-il expliqué, précisant qu'aucun membre des familles de victimes n'est arrivé sur place.

«Les familles veulent que le transfert (en France des corps) soit le plus rapide possible, mais le processus est très complexe», a-t-il dit.

Les membres de l'équipe «sont à la disposition de la justice argentine dans la mesure où elle peut solliciter leur témoignage», a indiqué à l'AFP le consul général de France en Argentine, Raphaël Trannoy, en sortant d'une réunion avec eux.

«J'ai envie d'apporter mon témoignage pour l'enquête et basta. Envie de rentrer. Et j'ai envie d'aller voir les parents de Camille» Muffat, a déclaré Alain Bernard.

Sur le plan judiciaire, «le juge fédéral Daniel Herrera est (désormais) en charge de l'enquête», a indiqué à l'AFP la magistrate locale Virginia Illanes Bordon. Il se trouve sur la zone de l'accident.

À Paris, le parquet a confié une enquête pour homicides involontaires à la gendarmerie des transports aériens.