L'Union européenne a estimé jeudi qu'il n'y avait pas de «compétition» entre les États-Unis et l'Union européenne dans le cadre de leur rapprochement mutuel avec Cuba, et affirmé que le dégel entre Washington et La Havane favorisait même le climat général vis-à-vis de l'île.

«Il ne s'agit pas d'une compétition entre les États-Unis et l'Union européenne. Une présence plus active (...) des États-Unis peut contribuer à renforcer l'atmosphère positive, aussi pour avancer dans notre direction» a estimé devant la presse à La Havane le négociateur en chef européen Christian Leffler, qui a participé mercredi et jeudi à une troisième session de pourparlers avec Cuba.

«Cela vient dissiper un nuage qui pesait sur la région, cela ouvre de nouvelles possibilités», a-t-il insisté, constatant «une détente graduelle» du climat autour de Cuba.

Depuis 11 mois, des délégués de l'UE et de Cuba, dont les relations sont officiellement suspendues depuis 2003, négocient en vue d'un «Accord de dialogue politique et de coopération».

Pour l'UE, l'idée est de normaliser les relations avec Cuba afin d'encourager La Havane à poursuivre les réformes dans le domaine des droits de l'Homme.

Il y a deux mois et demi, Washington a emboité le pas des 28, en annonçant un rapprochement historique avec Cuba après plus d'un demi-siècle d'antagonisme.

Barack Obama a ainsi opté pour une nouvelle manière de tenter de faire évoluer les droits civiques et politiques sur l'île, constatant l'échec de la vieille politique frontale américaine.

En janvier, l'UE a salué ce «tournant historique», mais certaines voix parmi les 28 se sont élevées pour demander une accélération du processus de normalisation avec La Havane, afin de ne pas perdre du terrain face à Washington, notamment en matière d'échanges commerciaux.

Pour M. Leffler, il y a de la place pour tout le monde à Cuba et les pays de l'UE sont suffisamment bien implantés pour ne pas craindre l'afflux d'entreprises américaines.

«La présence européenne, qu'elle soit économique, politique ou en coopération, est suffisamment solide pour se maintenir et se développer parallèlement» à la normalisation américaine, a-t-il estimé, rappelant que l'UE était un des premiers partenaires économiques de l'île.

Enfin, le négociateur européen juge que les démarches américaines et européennes vont toutes deux dans le sens d'une amélioration de la situation à Cuba. Elles sont donc à ses yeux «complémentaires».