Le ministre mexicain de la Justice, Jesús Murillo Karam, dont l'action dans l'enquête sur la disparition de 43 étudiants avait été contestée, a quitté ses fonctions vendredi pour un autre ministère, de moindre importance politique.

M. Karam a été nommé ministre du Développement agraire et territorial lors d'une cérémonie présidée par le chef de l'État mexicain, Enrique Peña Nieto.

Ce remaniement gouvernemental, le premier depuis l'arrivée au pouvoir de Peña Nieto en décembre 2012 était attendu: une réforme votée par le Parlement prévoit que la fonction de Procureur général de la République, confondue jusqu'alors avec celle de ministre de la Justice, devienne autonome, son titulaire n'étant plus membre du gouvernement mexicain.

Mais M. Karam a également essuyé de vives critiques concernant sa gestion de l'affaire des 43 étudiants disparus en septembre, et qui ont tous été massacrés selon les autorités.

Il avait affirmé la «certitude» des autorités judiciaires que les étudiants avaient été livrés par des agents corrompus de la police locale à des narcotrafiquants qui les avaient assassinés, avaient brûlé leurs corps et jeté les restes dans une rivière.

Plusieurs ONG internationales dont Human Rights Watch et Amnesty International ont critiqué ces affirmations, estimant qu'il était trop tôt pour déclarer les étudiants morts, faute de preuves. Jusqu'à présent, seuls les restes d'un étudiant ont pu être identifiés par des tests ADN.

Le mandat de Murillo Karam a aussi été marqué par quelques gaffes médiatiques. En novembre dernier, lors d'une conférence de presse, il avait marqué son agacement en disant qu'il était «déjà fatigué» par l'affaire.

Ces paroles provoquèrent un tollé et firent le tour des réseaux sociaux pour se transformer en un slogan de protestation antigouvernementale au Mexique.

Murillo Karam, «comme procureur général, n'a jamais fait ce qu'il devait faire», a dit à l'AFP Felipe de la Cruz, porte-parole des parents des 43 jeunes disparus.

Le président du Mexique va nommer temporairement la sénatrice Arely Gomez au poste de Procureur général de la République, selon une source proche du dossier.