Le maire de Caracas, Antonio Ledezma, 59 ans, incarcéré sous l'accusation d'être impliqué dans un complot visant à renverser le gouvernement du président socialiste Nicolas Maduro, va faire appel de ces «accusations sans fondement» a déclaré samedi son avocat.

«Sa défense va utiliser tous les moyens à sa disposition», a déclaré à l'AFP son avocat Omar Estacio. «Pour le moment, nous avons l'intention de faire appel parce que les accusations portées contre le maire sont illégales et sans fondement» a-t-il ajouté.

M. Ledezma a été brutalement interpellé jeudi soir dans ses bureaux par plusieurs dizaines d'agents des services secrets (Sebin) équipés d'armes, de cagoules et de gilets pare-balles. Deux procureurs lui ont signifié vendredi qu'il était poursuivi pour «son implication présumée dans des faits relevant du complot pour organiser et exécuter des actions violentes contre le gouvernement».

Le dirigeant de l'opposition Henrique Capriles, deux fois candidat à l'élection présidentielle a exigé vendredi que le pouvoir présente les preuves des projets de coup d'État qu'il dénonce.

«Maduro croit-il qu'en nous mettant tous en prison il va récupérer 50 points de popularité ou gagner les élections?», a lancé M. Capriles devant la presse.

Depuis son élection en avril 2013, Nicolas Maduro a accusé à plusieurs reprises l'opposition d'avoir tenté de le renverser par un coup d'État. Jeudi, il a accusé le maire de Caracas de tramer un complot financé par les États-Unis ce que Washington a immédiatement démenti.

Le secrétaire général de l'Organisation des États américains (OEA), José Miguel Insulza, a jugé l'arrestation du maire du Caracas «très alarmante» et demandé au gouvernement vénézuélien de «mettre un terme à ces actes qui alimentent une spirale de violence touchant toute la société vénézuélienne. L'OEA envisage de convoquer une réunion extraordinaire de ses ministres des Affaires étrangères pour étudier la situation au Venezuela.

La semaine dernière Antonio Ledezma et plusieurs autres figures de l'opposition ont publié dans la presse un appel à une transition démocratique.

Héritier politique du président Hugo Chavez mort en mars 2013, Nicolas Maduro a jalonné ses deux ans de mandat de dénonciations de tentatives de coup d'État ou de meurtre, sans jamais parvenir à faire oublier la grave crise économique qui plombe sa gestion. Sa cote de popularité a plongé à 20% d'opinions favorables.

À quelques mois des élections législatives, le pays connait une inflation record (68,5% en 2014), des pénuries de denrées alimentaires ou de médicaments, un manque de devises en raison de la chute mondiale des cours du pétrole, principale ressource du Venezuela qui dispose des plus importantes réserves de la planète.