Le président élu d'Uruguay, Tabaré Vazquez (gauche), a annoncé vendredi la mise en place d'une commission «Vérité et justice» pour faire la lumière sur le sort des disparus de la dernière dictature militaire (1973-1985).

«Il manque des informations et elles sont quelque part, il faut les chercher et je forme le grand espoir que nous puissions avancer substantiellement», a-t-il déclaré au cours d'une conférence de presse.

La commission sera constituée de proches de victimes et de responsables religieux référents. Elle sera officialisée le 1er mars, jour de la passation de pouvoir entre l'actuel président, l'ancien guérillero José Mujica, et M. Vazquez.

Parmi les membres de ce groupe, figurera la députée Macarena Gelman, petite-fille du poète argentin Juan Gelman et fille de Maria Claudia Garcia, disparue sous la dictature.

Seront également membres de la commission Felipe Michelini, fils de l'ancien parlementaire Zelmar Michelini, assassiné en 1976 en Argentine, ainsi que des représentants des communautés de descendants d'Africains, juive, méthodiste et catholique.

Le groupe de travail analysera les archives existantes, suivra l'application des sanctions prises à l'encontre de l'Etat uruguayen localement ou à l'étranger dans ces affaires et compilera les témoignages de victimes de crimes contre l'humanité et de leurs proches.

«Nous avons avancé, mais nous souhaitons avancer davantage», ajouté M. Vazquez, déjà président de l'Uruguay entre 2005 et 2010.

Il a fallu attendre que la gauche arrive au pouvoir, en 2005, pour que ce pays commence rechercher dans des casernes de l'armée les restes d'opposants disparus et à poursuivre d'anciens responsables de la dictature.

Quelques corps ont été retrouvés, mais le sort de la majorité d'entre eux reste inconnu.

Seules 15 personnes ont été condamnées pour des crimes commis sous le régime militaire, parmi lesquelles les anciens dictateur Gregorio Alvarez et Juan Maria Bordaberry, aujourd'hui défunt.

Les poursuites sont rares et compliquées à mener à leur terme en raison d'une loi d'amnistie votée au moment du rétablissement de la démocratie, que les Uruguayens ont refusé par deux fois depuis de modifier.

On estime que 200 Uruguayens ont disparu au cours des années sombres, la plupart en Argentine, dans le cadre d'un plan Condor, un système répression coordonné instauré par les régimes militaires du cône sud-américain des années 70.