Des experts légistes d'Argentine ont pointé ce week-end des insuffisances et des irrégularités de l'enquête officielle sur le possible massacre de 43 étudiants d'Ayotzinapa, au sud du Mexique, à la fin septembre, estimant que l'enquête ne pouvait pas être donnée pour conclue.

Le ministre mexicain de la Justice, Jesus Murillo Karam, avait affirmé le 27 janvier qu'il existait désormais une «certitude légale» sur les circonstances de ce drame qui a bouleversé le Mexique et le monde.

Selon la version officielle, considérée par le ministre comme une «vérité historique», les 43 jeunes ont été assassinés par un groupe criminel, puis incinérés dans une décharge isolée de la municipalité de Cocula, dans l'État du Guerrero, durant la nuit du 26 au 27 septembre, et enfin leurs restes jetés dans une rivière.

L'équipe argentine d'anthropologie légiste (EAAF), appelée à la demande des parents des étudiants disparus, a estimé, dans un rapport publié samedi soir que l'enquête était loin d'être complète.

L'EAAF «n'exclut pas la possibilité que certains des étudiants aient connu le sort» décrit pas les enquêteurs mexicains. «Cependant, à notre avis, il n'y a pas de preuve scientifique à cet effet sur le site de Cocula», estime l'équipe dans un texte de 16 pages.

Plusieurs ONG avaient déjà relevé que les conclusions de la justice mexicaine reposaient en grande partie sur des témoignages dans un pays où les autorités obtiennent souvent des aveux sous la contrainte.

Le Mexique avait fait parvenir 17 restes osseux carbonisés à l'Université d'Innsbruck. Mais le laboratoire de renommée mondiale n'avait pu confirmer l'identité que d'un seul étudiant.

Les experts argentins affirment de leur côté avoir trouvé des anomalies dans 20 des 134 profils génétiques des membres des familles des disparus envoyés à l'université autrichienne par les autorités judiciaires mexicaines.

En outre, l'équipe argentine a relevé que des photos satellitaires montraient qu'il y a eu plusieurs feux sur le site de Cocula depuis 2010, ce qui signifie que des preuves physiques qui y ont été recueillies pouvaient être sans lien avec l'affaire.

Parmi les échantillons recueillis par les enquêteurs mexicains, figurait une prothèse dentaire alors qu'aucun des étudiants n'en avait.

Par ailleurs, les enquêteurs argentins ont trouvé des preuves «qui suggèrent fortement la possibilité» que le site contenait des restes humains n'appartenant pas aux étudiants.

«L'enquête ne peut pas être conclue tant qu'une importante quantité de preuves restent à être examinées», estime l'équipe argentine.