Soixante cadavres ont été découverts dans un crématorium abandonné de la ville touristique mexicaine d'Acapulco, résultat probable d'une négligence des responsables de l'établissement d'incinération, selon les autorités judiciaires locales.

Dans un communiqué publié vendredi après-midi, le parquet de l'État du Guerrero, où est située Acapulco, précise que «parmi les 60 cadavres trouvés, figurent des cadavres de femmes, d'hommes et d'enfants, parfaitement embaumés» et «préparés pour leur incinération».

Les autorités judiciaires soulignent que le fait de ne pas avoir procédé à l'incinération des cadavres ainsi préparés, «est contraire aux normes sanitaires» en vigueur.

L'annonce dans la matinée par ces mêmes autorités de la découverte des cadavres - le chiffre de 61 corps avait d'abord été avancé - avait fait craindre un nouvel épisode macabre des violences des narcotrafiquants dans l'État mexicain comptant le plus fort taux d'homicide dans le pays.

C'est dans cette région qu'en septembre 43 étudiants d'une école normale avaient disparus, probablement massacrés par le crime organisé, selon les autorités fédérales.

Mais le dernier communiqué du parquet souligne que l'enquête s'oriente plutôt dans le cas présent vers des délits «contre le respect des cadavres ou des restes humains, contre les normes d'inhumation et d'exhumation et d'atteinte aux morts».

Les autorités n'ont pour l'instant donné aucun détail sur les causes ni sur les dates des décès.

Pour les besoins de l'enquête ont été convoqués la présidente de l'Association funéraire de l'Etat du Guerrero ainsi que les responsables des entreprises de pompes funèbres de la ville d'Acapulco, pour que soient communiquées les informations sur les personnes décédées envoyées à ce crematorium - «Cremaciones Pacifico S.A.» - depuis 2013.

«L'odeur était insupportable»

Interrogé par l'AFP, David Jaimes, qui avait sollicité les services de cette entreprise il y a neuf mois pour sa mère, raconte:

«J'ai vu le four allumé et ma mère étendue, mais je ne l'ai jamais vue y être introduite. Je me souviens maintenant, avec mes frères, que la personne qui était là nous a dit: il vaut mieux que vous partiez parce que c'est un endroit dangereux. Alors maintenant, nous sommes accablés par l'incertitude».

Karina Garcia Jacinto avait payé le service de crémation de son père, Heriberto Garcia Guzman en décembre dernier. En apprenant la découverte des cadavres non incinérés, elle s'est rendue auprès des services de la morgue avec le certificat de décès de son père. «C'est l'inquiétude qui nous amène ici, pour voir si ce sont nos proches, en ce qui me concerne, mon papa».

Apparemment, cet établissement dirigé par Guillermo Estua Zardain, était fermé depuis plusieurs mois «pour faillite ou fraude envers les débiteurs» a souligné le parquet.

Un important dispositif policier avait été déployé jeudi soir dans la zone située près de la partie touristique de la ville, après que des riverains avaient donné l'alerte en raison de l'odeur qui se dégageait des lieux.

Dans l'établissement où a été faite la  macabre découverte, on n'a trouvé qu'un four rouillé destiné aux incinérations et des civières éparpillées sur le sol.

Des corps enveloppés dans des linceuls ont été trouvés empilés, a indiqué à l'AFP un commandant de la police du Guerrero.

Selon les experts légistes chargés d'enlever les cadavres, plusieurs dépouilles, posées sur des civières, étaient recouvertes de toiles blanches tachées de sang.

Certains corps étaient recouverts de chaux, également répandue sur le sol au milieu de récipients contenant apparemment des produits chimiques et des ustensiles divers.

Des habitants de la zone ont précisé à l'AFP que la forte odeur se dégageant du lieu avait été signalée deux jours auparavant, mais que les autorités ne sont intervenues que jeudi soir.

«Nous avons appelé le numéro d'urgence parce que l'odeur était insupportable», a raconté un habitant du secteur.

Mais plusieurs voisins ont indiqué qu'ils n'avaient pas constaté la moindre activité irrégulière ou la présence de personnes inconnues au cours des derniers jours.

«Ici tout est tranquille, je ne savais pas que le crématorium ne fonctionnait plus, mais nous ne voyions plus de gens y entrer ou en sortir», a expliqué un homme.