Une délégation d'ambassadeurs du Conseil de sécurité des Nations unies, arrivée vendredi en Haïti pour une visite de deux jours destinée à examiner la situation sur place, a appelé à la tenue rapide d'élections.

«Les membres du conseil de sécurité ont appelé les acteurs politiques haïtiens à coopérer afin de rendre possible au plus vite des élections crédibles et transparentes conformément aux textes de la Constitution haïtienne», a déclaré l'ambassadeur chilien Cristian Barros Melet au cours d'une conférence de presse organisée dans la soirée à l'issue d'un entretien avec le président Michel Martelly.

«Au cours de la rencontre, nous avons fait part au président Martelly et à ses ministres de notre déception pour n'avoir pas pu trouver un compromis et éviter le départ du parlement», a déclaré de son côté l'ambassadrice américaine au Conseil de sécurité, Samantha Power.

Mme Power qui copréside la délégation avec M. Barros, qui lui-même préside le Conseil de sécurité de l'ONU en janvier, a invité l'État haïtien à faire de son mieux pour trouver une solution à la crise politique.

Prenant la parole au cours de la conférence de presse, le président Martelly a indiqué qu'il avait réitéré aux membres du conseil sa détermination à poursuivre le dialogue avec tous les acteurs nationaux. Un dialogue qui selon lui devrait «créer un climat favorable à la tenue des élections démocratiques, inclusives, libres et transparentes sans oublier l'objectif fondamental de développement économique du pays».

«Le conseil compte exhorter les acteurs politiques d'Haïti à travailler de concert et sans plus tarder, pour assurer la tenue d'élections législatives, sénatoriales partielles, municipales et locales libres, justes, inclusives et transparentes», avait déclaré la porte-parole de la mission onusienne en Haïti, la MINUSTAH, peu après l'arrivée de la délégation sur le sol haïtien.

La délégation, qui séjournera en Haïti jusqu'à dimanche, devrait rencontrer des leaders de l'opposition et plusieurs personnalités de la société civile en Haïti.

Elle poursuivra son périple samedi en dehors de la capitale haïtienne, avec notamment une visite dans la deuxième ville du pays, Cap-Haitien.

Cette visite se déroule en pleine crise politique dans le pays, qui attend des élections depuis trois ans. Faute d'élections législatives, le mandat du parlement haïtien a expiré la semaine dernière, faisant du président Martelly le seul dirigeant élu d'un pays agité par des manifestations d'opposition qui ont poussé le premier ministre Laurent Lamothe à démissionner le mois dernier.

Le président a tenté de calmer la situation en nommant lundi un nouveau gouvernement conduit par Evans Paul, figure de l'opposition, et en s'engageant à organiser des élections avant la fin de l'année. Un cinquième conseil électoral a été formé jeudi dans cet objectif.

Peu après leur arrivée, les ambassadeurs se sont rendus à la base de la MINUSTAH et ils doivent également, d'ici leur départ dimanche, visiter des projets dans la capitale et ailleurs dans ce petit pays des Caraïbes.

Ils ont pour mission d'évaluer la mise en oeuvre des résolutions du Conseil de sécurité, d'évaluer le développement des capacités de l'État haïtien, en particulier le renforcement de sa police nationale, selon la porte-parole de la MINUSTAH.

En octobre, le Conseil a renouvelé pour un an le mandat de sa mission sur place. Mais il a divisé par deux ses effectifs militaires, qui passeront à 2370 soldats, pour tenir compte de l'amélioration de la sécurité. Le nombre de policiers a cependant été maintenu à 2600 hommes.

L'Argentine et le Chili fournissent un important contingent à la MINUSTAH et redoutent les tensions que créeraient de nouveaux retards dans le processus démocratique.