Le président bolivien Evo Morales a prêté serment jeudi pour un troisième mandat, fort d'un grand soutien populaire, fruit de ses succès en matière de lutte contre la pauvreté, dans le pays le plus démuni d'Amérique latine.

Poing levé, le président, au pouvoir depuis 2006, a été intronisé lors d'une cérémonie au Parlement, en présence de six chefs d'État dont Dilma Rousseff, la présidente du Brésil, principal partenaire commercial de la Bolivie, Nicolas Maduro (Venezuela), Rafael Correa (Équateur) et des représentants d'une quarantaine de pays.

Le premier président amérindien de Bolivie, ancien berger de lamas et cultivateur de coca, a prêté serment «pour le peuple de Bolivie et pour l'égalité de tous les êtres humains».

Dans son discours d'investiture, Evo Morales a affirmé que «la démocratie et la stabilité politique» régnaient désormais dans le pays.

Il a mis l'accent sur la réduction de l'extrême pauvreté et des inégalités depuis son arrivée au pouvoir.

Le président bolivien a souligné aussi que le nouveau Parlement comprenait quelque 52 % de femmes en raison de l'application pour la première fois des principes de parité et d'alternance.

Evo Morales, plus ancien président en exercice d'Amérique latine, a été réélu en octobre dernier avec 61 % des voix pour un troisième mandat consécutif.

Il s'est également assuré le contrôle du Congrès, avec deux tiers des sièges pour son parti.

L'opposition craint qu'avec une telle mainmise, le président Morales n'ait les mains libres pour modifier la Constitution et instaurer la possibilité d'effectuer plusieurs mandats successifs.

Interrogé sur cette possibilité, M. Morales a assuré lundi qu'il n'avait pas changé la Constitution (en 2009) pour accéder à un autre mandat après 2020.

Au cours de ses neuf premières années au pouvoir, Evo Morales a nationalisé les ressources naturelles, dont les hydrocarbures, et a donné le contrôle de l'État aux entreprises considérées comme stratégiques, dans les télécommunications ou l'électricité.

Favorisé par le prix du gaz, qu'il exporte vers le Brésil et l'Argentine, l'État bolivien a vu augmenter considérablement ses ressources, permettant d'améliorer la répartition des revenus en faveur des couches populaires.

Toutefois, dans un contexte de chute des prix du pétrole et du gaz, Morales a appelé son administration à se préparer à la crise.

«Il ne va plus gouverner dans les conditions de boom économique des neuf années précédentes», a indiqué à l'AFP l'analyste indépendant Carlos Toranzo.

La Bolivie prévoit pourtant pour cette année un taux de croissance très similaire à 2014, avec 5,9 %.

La veille, le président avait été élu symboliquement chef spirituel des peuples autochtones, lors d'une cérémonie haute en couleur et empreinte de spiritualité à Tiwanaku, ancienne capitale d'un puissant empire préhispanique.