Des restes humains ont été identifiés comme étant ceux de l'un des 43 étudiants disparus depuis fin septembre dans l'État de Guerrero, dans le sud du Mexique, ravivant la crainte que tous les étudiants aient été massacrés.

«Un des restes correspond à l'un des élèves étudiants de l'École normale», a annoncé samedi une source officielle à l'AFP, requérant l'anonymat.

Le ministère public ne s'est pas exprimé, mais a convoqué une conférence de presse dimanche à la mi-journée.

Au cours d'une manifestation tendue sans la capitale mexicaine, où des milliers de personnes réclamaient que justice soit faite, les parents des disparus ont reconnu la mort de l'un d'entre eux, Alexander Mora, et promis de continuer à se battre pour retrouver les autres.

Felipe de la Cruz, porte-parole des parents, a ainsi réaffirmé la détermination des familles: «S'ils croient que nous allons nous mettre à pleurer parce que l'ADN d'un de nos garçons a été trouvé, ils se trompent. Nous allons retrouver les 42 qui manquent».

«La graine est semée et le peuple du Guerrero est sur le pied de guerre jusqu'à ce que les coupables soient punis», a-t-il ajouté.

Jusqu'à présent, les parents des étudiants ont rejeté la version des autorités, selon laquelle les étudiants ont été tués par des membres du crime organisé.

Pas «la fin de l'enquête»

Peu avant la manifestation de samedi, des sources proches de l'enquête et des familles ont indiqué à l'AFP qu'une première identification ADN avait été obtenue à partir des restes carbonisés transmis le 12 novembre à un laboratoire de l'université d'Innsbruck (Autriche).

Ces restes avaient été découverts dans une décharge et une rivière proches de la ville d'Iguala, dans le Guerrero, où les étudiants avaient disparu le 26 septembre après avoir été attaqués par des policiers locaux liés au cartel de narcotrafiquants des Guerreros Unidos, à l'instigation probable du maire de la ville.

Selon le ministère public, certaines des 70 personnes détenues dans cette affaire ont affirmé que les étudiants avaient été livrés par les policiers à des tueurs du cartel, exécutés, leurs corps brûlés pendant quinze heures sur un bûcher géant, et leurs restes jetés dans une rivière.

Les chances d'identifier les restes étaient tenues, avait prévenu le ministre de la Justice, Jesus Murillo Karam, précisant qu'il n'était possible de réaliser des tests ADN que sur deux fragments d'os.

L'avocat Mario Patron, qui représente les parents, a expliqué à l'AFP que le laboratoire d'Innsbruck a envoyé le résultat de l'identification d'Alexander Mora au groupe d'experts argentins qui travaillent sur cette affaire à la demande des familles.

Les Argentins ont informé les familles vendredi, lors d'une réunion à l'école normale rurale d'Ayotzinapa (Guerrero), où étudiaient les jeunes, la plupart âgés de 18 à 21 ans.

«Cette étape ne signifie en aucune manière la fin de l'enquête», a souligné Mario Patron.

«Il n'est pas certain que les 43 aient été à Cocula (le lieu du massacre présumé) ni qu'ils aient été assassinés là-bas. (...) Les autorités doivent expliquer où se trouvent tous les disparus», a insisté l'avocat, qui dirige l'ONG Centre des droits de l'homme Miguel Agustin Pro Juarez.

Si la mort des étudiants était confirmée, il s'agirait d'un des pires massacres au Mexique depuis le lancement d'une offensive militaire contre le trafic de drogues en 2006. Plus de 80.000 personnes ont été assassinées et 22.000 sont disparues.

Les événements d'Iguala ont marqué un tournant dans la présidence d'Enrique Peña Nieto (2012-2018), confronté à sa plus grave crise en deux ans de mandat.

Lors de la manifestation de samedi, les manifestants ont à nouveau réclamé sa démission.

«Nous voulons dire au monde que nous ne reconnaissons pas le gouvernement de Peña Nieto car il est assassin», a déclaré Felipe de la Cruz.

Pratiquement pas un jour ne se passe depuis l'annonce du probable massacre des 43 jeunes sans que le Mexique ne connaisse une manifestation ou une protestation, souvent avec des occupations de bâtiments publics, des blocages d'autoroutes et parfois des violences, incendies ou affrontements avec la police.