L'ambassadrice des États-Unis en Haïti, Pamela White, a rencontré mardi à sa demande des dirigeants de l'opposition haïtienne qui exigent le départ du président Michel Martelly et de son chef de gouvernement alors que le pays attend toujours des élections.

La rencontre à huis clos s'est déroulée au siège du parti des sociaux-démocrates haïtiens (Fusion) et a duré près d'une heure.

«Nous avons clairement dit à Madame White que la crise est haïtienne et qu'il revenait aux Haïtiens de trouver une solution», a déclaré aux journalistes Jean André Victor après le départ de l'ambassadrice, qui n'a pas fait de déclaration à la presse.

Sous la protection des agents de l'ambassade américaine, Madame White s'est engouffrée dans son véhicule tandis que plusieurs dizaines de manifestants criaient «Go home, go home».

«Nous ne voulons pas de solution imposée par les États-Unis. Nous ne reconnaîtrons pas de résultat pris à porte fermée», ont déclaré les manifestants qui réclament le départ du président Martelly.

La non tenue des élections législatives et locales depuis l'accession au pouvoir de M. Martelly a provoqué un vide dans le pays qui pourrait déboucher sur le dysfonctionnement du Parlement et la possibilité pour le président de diriger uniquement par décrets à partir de janvier.

Depuis plusieurs semaines le chef de l'État haïtien Michel Martelly ainsi que son Premier ministre Laurent Lamothe font face à une vague de contestations de rue qui semble prendre de l'ampleur au fil des jours.

La semaine dernière des milliers d'Haïtiens avaient manifesté à Port-au-Prince pour réclamer le départ de leurs dirigeants.

La contestation a gagné quelques villes de province où des milliers de personnes protestent aussi contre la cherté de la vie et la pénurie d'électricité.

Dans la ville de Ouanaminthe (nord-est d'Haïti) proche de la frontière avec la République dominicaine voisine, 14 personnes ont été blessées par balles lundi et un nourrisson est décédé après avoir inhalé du gaz lacrymogène lancé par la police haïtienne, a rapporté un sénateur de l'opposition.

Face à la dégradation du climat politique, le président Martelly, qui avait ouvert une série de consultations ces deux derniers mois, a nommé une commission consultative composée de 11 personnalités chargées de faire la synthèse des propositions de sortie de crise.

La commission devrait présenter son rapport dans les prochains jours.