Des milliers de personnes ont manifesté sans incident mardi à Port-au-Prince à l'appel des partis de l'opposition en vue de réclamer la démission du président Michel Martelly soupçonné de vouloir se débarrasser du Parlement pour diriger par décret.

«Nous sommes venus dire non à toute tentative de réhabiliter la dictature en Haïti en refusant d'organiser des élections», a lancé Hugo Alfred en sueur.

De nombreux manifestants portaient des pancartes réclamant la tenue d'élections démocratiques et honnêtes avec un autre gouvernement et la libération de militants de l'opposition incarcérés par la justice.

Le mandat de la Chambre (99 députés) et de dix sénateurs prendra fin le 12 janvier prochain et la non-tenue des élections pourrait provoquer un vide politique, laissant ainsi la voie ouverte pour le président Martelly de diriger seul.

Depuis plus de trois ans, le président Martelly n'a pas réussi à organiser des élections pour renouveler le Parlement et élire les responsables locaux.

Des dirigeants politiques et anciens parlementaires ont également défilé dans les rues de Port-au-Prince, appelant à la démission de M. Martelly.

Les manifestants, qui ont circulé dans plusieurs quartiers de la capitale haïtienne, ont été dispersés avant d'arriver devant le Palais national où la police avait dressé des barricades.

Aucun incident n'a été signalé au cours de la manifestation mais au moins deux militants ont été interpellés par la police haïtienne, ont déploré les organisateurs.

Lundi, l'envoyée spéciale de l'ONU en Haïti, Sandra Honoré, avait plaidé dans un communiqué pour le droit de manifester pacifiquement, alors que le gouvernement avait interdit le port d'armes à feu dans les rassemblements de rue.

Face à l'impossibilité d'organiser des élections avant la fin de l'année, le président Martelly a ouvert une série de consultations boudées par les principaux partis de l'opposition, dans le but de proposer une solution de sortie de crise.