Des enseignants mexicains radicaux ont incendié mercredi le Parlement de l'État du Guerrero et d'autres bâtiments administratifs, augmentant d'un cran leur protestation après l'annonce la semaine dernière du probable massacre de 43 étudiants disparus.

Les protestataires avaient bloqué lundi pendant plusieurs heures l'accès à l'aéroport international d'Acapulco, provoquant l'annulation de trois vols. Mardi, ils avaient incendié le siège du parti gouvernemental dans la capitale du Guerrero, Chilpancingo, et pris en otage pendant plusieurs heures le numéro deux de la police régionale.

Mercredi, un groupe d'environ 150 membres de la Coordination enseignante du Guerrero (Ceteg), courant radical du syndicat des enseignants, la plupart masqués, ont commencé par attaquer et saccager le siège local du ministère de l'Education, avant d'y mettre le feu, a constaté un photographe de l'AFP.

Tandis que les pompiers arrivaient sur les lieux, les manifestants se sont ensuite dirigés vers le parlement régional, renforcés par plusieurs centaines d'autres enseignants et d'étudiants.

Ils ont pris d'assaut les lieux où n'était présent aucun député, puis ont mis le feu à la salle de l'assemblée plénière, ainsi qu'à plusieurs autres salles et à la bibliothèque. A l'extérieur ils ont incendié cinq véhicules.

L'an dernier, les enseignants de la Ceteg avaient mené des protestations violentes contre la réforme éducative, lors de laquelle ils avaient déjà incendié plusieurs bâtiments publics.

Un des porte-parole des parents des jeunes disparus s'est démarqué de ces actions et a estimé qu'il y avait des «infiltrés» au sein des manifestations.

Les protestations autour des 43 disparus prennent un aspect de plus en plus violent, sinon massif car elles sont surtout le fait des groupes les plus radicaux. Elles se sont multipliées depuis l'annonce vendredi par le ministre de la Justice, Jesus Murillo Karam, que ces jeunes avaient été assassinés, leurs cadavres incinérés dans une décharge et leurs restes jetés ensuite dans une rivière, selon les aveux de trois détenus.

Restes envoyés en Autriche 

Le ministère de la Justice a indiqué que très peu de restes osseux pourraient donner lieu à une analyse d'ADN. Ils seront envoyés à un laboratoire spécialisé de l'université d'Innsbruck, en Autriche.

«On les envoie cette nuit, la logistique est prête, avec les garanties sur la sauvegarde de la chaîne de conservation», a dit à l'AFP un fonctionnaire du ministère qui n'a pas donné d'autres précisions.

De son côté, une équipe d'experts argentins, venus à la demande des parents des disparus, ont annoncé mardi que l'analyse de 24 des 39 corps extraits de fosses clandestines dans les environs d'Iguala lors des premières recherches coïncidaient avec les conclusions des autorités mexicaines: aucun d'entre eux n'appartient aux disparus.

Par ailleurs, le gouvernement a signé mercredi un accord pour que commence un travail des experts de la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) basée à Washington, pour assister l'enquête mexicaine, une revendication des parents des disparus.

Depuis Paris, le vice-ministre mexicain des Affaires étrangères, Juan Manuel Gómez Robledo, a indiqué à l'AFP que les experts de la CIDH pourront «promouvoir des plaintes pénales et contester des décisions» prises par le gouvernement mexicain depuis le début de l'enquête.

Lors de son audience générale de mercredi le pape François s'est solidarisé avec les familles des jeunes en raison de «l'assassinat des étudiants», selon ses termes.

La disparition de 43 étudiants le 26 septembre dernier à Iguala, dans le Guerrero, après une attaque conjointe de policiers municipaux et de narcotrafiquants ayant fait six morts, a provoqué la plus grave crise pour Enrique Peña Nieto depuis son accession à la présidence du Mexique en décembre 2012.

En dépit de l'émotion et de l'indignation créée par cette affaire au Mexique et dans le monde, le chef de l'État a maintenu sa tournée internationale cette semaine en Chine et en Australie à l'occasion des sommets de l'APEC à et du G20.