Le nombre d'enfants disparus au Mexique, mais aussi recrutés, blessés ou tués par des gangs criminels, est en «hausse alarmante», s'est inquiétée lundi la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH), dans ce pays où 43 étudiants sont portés disparus.

Lors d'une visite du 6 au 14 octobre, Rosa Maria Ortiz, rapporteur de la CIDH sur les Droits des enfants et adolescents, «a reçu des informations indiquant qu'il y aurait une hausse alarmante du nombre d'enfants non localisés» et «malgré cela l'État n'a pas fourni de chiffres» à ce sujet, a expliqué dans un communiqué la CIDH, un organe indépendant créé en 1959 au sein de l'Organisation des États américains (OEA).

La représentante de la CIDH s'est réunie à cette occasion avec plusieurs familles de victimes, qui «dans leur majorité rendaient responsables les forces de l'État de ces disparitions forcées» et dénonçaient des erreurs dans l'enquête.

Cette annonce survient alors que 43 étudiants sont portés disparus depuis le 26 septembre, après une fusillade impliquant la police locale alliée au gang criminel Guerreros Unidos à Iguala, une ville de l'État de Guerrero.

Une affaire qui a choqué et indigné le Mexique et créé une forte pression, y compris internationale, sur le gouvernement pour résoudre cette affaire.

La CIDH a appelé lundi «l'État mexicain à localiser de toute urgence les 43 étudiants (...) et enquêter sur ces délits de manière rapide et impartiale».

La commission a également constaté une «augmentation des niveaux de violence» vis-à-vis des enfants, en se fondant sur les informations de plusieurs organisations civiles qui affirment que 2000 enfants ont été tués ou mutilés, parfois «avec une violence extrême», entre 2006 et 2014.

Elle s'inquiète enfin du «grand nombre» d'enfants qui pourraient avoir été recrutés, de manière violente, par le crime organisé dans les zones les plus pauvres du pays.

Sur les 118 millions d'habitants que compte le Mexique, sept vivent en situation d'extrême pauvreté, la plupart dans l'État de Guerrero et les États voisins de Oaxaca et Chiapas, qui sont régulièrement le théâtre de chocs violents entre cartels de drogue.

Depuis qu'a été lancée en 2006 une vaste offensive militaire contre le narcotrafic, plus de 22 000 personnes ont disparu et 8000 sont mortes au Mexique, selon les chiffres officiels.