L'écologiste Marina Silva a apporté dimanche son soutien de poids à l'opposant social-démocrate Aecio Neves, rival de la présidente de gauche Dilma Rousseff pour le second tour disputé de l'élection présidentielle du 26 octobre au Brésil.

«Prenant note des engagements pris par Aecio Neves» en faveur de la préservation des acquis sociaux et du développement durable, «je lui apporte mon vote et mon soutien», a déclaré Mme Silva, au cours d'une conférence de presse à Sao Paulo.

Marina Silva, une dissidente du Parti des travailleurs (PT) au pouvoir depuis 12 ans au Brésil, a terminé troisième du premier tour, le 5 octobre. Mais les reports de voix des 22 millions d'électeurs qui lui ont apporté leur suffrage seront décisifs pour l'issue du duel très serré entre la présidente sortante et son rival de centre droit, le 26.

M. Neves, candidat du Parti social-démocrate brésilien (PSDB), avait endossé samedi à Recife une partie des promesses électorales de Marina Silva. Il s'engageait notamment à préserver les acquis sociaux hérités de la gauche, à relancer la réforme agraire et à stopper la déforestation en Amazonie.

Rousseff: «choix compréhensible»

Mme Rousseff a rapidement réagi: «Je trouve que ce choix est compréhensible parce qu'elle (Silva) est plus proche du programme économique d'Aecio (Neves) que du programme social de mon gouvernement», a affirmé la sortante citée par le site G1.

Aecio Neves prône un retour à l'orthodoxie libérale pour relancer l'économie en panne du géant émergent d'Amérique latine.

La présidente sortante a souligné n'avoir cherché à faire aucun contact avec Marina Silva.

«Je ne crois pas qu'il y aura de report de voix automatique à aucun candidat. Je crois à la démocratie», a-t-elle ajouté.

Dilma Rousseff a assez nettement remporté le premier tour, avec 41,59 % des voix, M. Neves n'en ayant obtenu que 33,55 %.

M. Neves n'a pas caché sa joie lors d'une visite au sanctuaire catholique Notre Dame d'Aparecida (Sao Paulo): «Avec les bénédictions de Notre Dame, je dis qu'aujourd'hui est un jour glorieux pour notre chemin», a-t-il lancé lors d'une conférence de presse.

«L'alternance fera du bien au Brésil» 

«Nous sommes arrivés à un moment où l'alternance fera du bien au Brésil», s'est justifié l'écologiste Marina Silva.

Marina Silva, ancienne ministre de l'Environnement (2003-2008) de l'ex-président Lula, a durement négocié toute la semaine pour que M. Neves garantisse l'héritage des programmes sociaux du PT et inscrive le développement durable à l'ordre du jour politique du Brésil.

Elle a en revanche renoncé à exiger de M. Neves qu'il abandonne son engagement controversé de ramener de 18 à 16 ans l'âge de la responsabilité pénale pour les adolescents auteurs des crimes les plus graves.

Marina Silva avait assumé la candidature du Parti socialiste brésilien (PSB) après la mort de son allié Eduardo Campos, en août dans un accident d'avion.

Les Brésiliens sont divisés entre fidélité aux conquêtes sociales et améliorations du niveau de vie qui ont marqué les 12 ans de gouvernements du PT, et souhait d'une alternance.

Le second tour s'annonce extrêmement disputé, malgré l'écart du premier. Les deux premiers sondages effectués après le premier tour et dont les résultats ont été divulgués jeudi ont pour la première fois donné une légère avance à M. Neves sur Mme Rousseff (46 % contre 44 %).

Avant que Marina Silva ne se prononce sur son choix, 64 % à 66 % de ses électeurs avaient indiqué qu'ils voteraient le 26 octobre pour Aecio Neves, 18 % seulement pour Dilma Rousseff, et 18 % nul ou blanc.

M. Neves, soutenu par la droite classique, va bénéficier de nombreux reports de voix de déçus de la gauche ayant voté pour Mme Silva.

La présidente est fragilisée par la situation économique du Brésil, entré en récession au premier semestre, mais aussi par les scandales de corruption qui ont terni l'image du PT.

M. Neves tente à cet égard de tirer le maximum de profit des révélations en série sur le scandale du système généralisé de pots-de-vin versés par la compagnie pétrolière nationale Petrobras à des élus de la coalition au pouvoir, qui a éclaté en pleine campagne électorale.

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Aecio Neves