La présidente brésilienne de gauche Dilma Rousseff, bien que fragilisée sur l'économie et bousculée par l'écologiste Marina Silva, a repris la main et aborde en favorite le premier tour de la présidentielle de dimanche.

Candidate à un second mandat de quatre ans à la tête du géant émergent d'Amérique latine, l'héritière politique de l'ex-président Lula (2003-2010) devrait virer largement en tête du premier tour dimanche.

Mais les sondages lui prédisent un second tour beaucoup plus disputé, le 26 octobre, face à l'écologiste Marina Silva ou le social démocrate Aecio Neves, revenu dans la course en fin de campagne.

«Je pense qu'il y aura un second tour (...). Je suis préparée pour affronter les deux. Je n'ai pas de préférence» (d'adversaire) pour la décision finale, a-t-elle confié vendredi lors d'un meeting dans l'Etat de Sao Paulo.

Face à la promesse de «la nouvelle politique» incarnée par la candidate du changement, l'écologiste Marina Silva, Mme Rousseff se pose en garante des conquêtes sociales qui ont permis à 40 millions de pauvres d'accéder à la classe moyenne et à la consommation en 12 ans de pouvoir du Parti des travailleurs (PT, gauche).

Au terme d'une campagne à rebondissements, Mme Rousseff l'emporterait largement dimanche avec 40% des voix, selon des sondages publiés jeudi soir, quelques heures avant le dernier grand débat électoral de la TV Globo suivi par quelque 50 millions de téléspectateurs.

Un nouveau sondage effectué après ce débat sera rendu public samedi matin.

L'atypique Marina Silva avait fait une irruption spectaculaire dans la campagne en assumant la candidature du Parti socialiste brésilien (PSB) à la place de son allié Eduardo Campos, mort en août dans un accident d'avion. Elle a compté jusqu'à 10 points d'avance sur Dilma Rousseff en cas de second tour.

Mais cette dissidente du PT, ancienne ministre de l'Environnement de Lula (2003-2008) et fervente évangélique, a plié sous la contre-offensive de Mme Rousseff et de la puissante machine électorale du PT.

«Nous allons l'emporter sur Dilma Rousseff. L'heure de la troisième voie a sonné», a-t-elle lancé vendredi après avoir parcouru un quartier populaire de Rio en voiture découverte.

Née dans une famille pauvre d'Amazonie où elle a travaillé dur, enfant, comme récolteuse de latex, Marina Silva serait a priori qualifiée pour le second tour, avec 24 à 25% des voix.

Elle garderait ainsi intact son rêve de devenir la première présidente noire du Brésil, dans la perspective d'un second tour équilibré où elle bénéficierait de plus de reports de voix que la présidente et d'un temps de parole télévisé égal.

Sans peur

Mais il lui faudra résister au retour d'Aecio Neves, le candidat du Parti de la social démocratie (PSDB), rival historique du PT depuis 20 ans, outsider longtemps distancé de cette élection mais qui s'est peu à peu hissé entre 19 et 21% des intentions de vote.

Aecio Neves a tenu vendredi son dernier meeting dans une favela de Belo Horizonte, capitale de l'Etat de Minas dont il a été le populaire gouverneur.

Les trois favoris tiendront samedi leur ultimes meetings de campagne pour tenter de rallier les derniers indécis.

Portés par une dynamique ascendante, Aecio Neves et Dilma Rousseff s'étaient montrés jeudi soir plus à l'aise que Marina Silva lors du débat télévisé de TV Globo, la plus grande chaîne de ce pays-continent de 202 millions d'habitants.

Mme Rousseff a défendu l'héritage de 12 ans de gouvernements du PT, en particulier des programmes sociaux en faveur des plus démunis qui ont contribué à faire sortir 40 millions de Brésiliens de l'extrême pauvreté.

Aecio Neves et Marina Silva l'ont matraquée sur son bilan économique marqué par la montée de l'inflation (6,5%) et quatre ans de croissance en berne, jusqu'à l'entrée en récession au premier semestre.

Ils ont exploité les affaires de corruption impliquant le PT et sa coalition, qui ont terni l'image du parti présidentiel et scandalisé des millions de Brésiliens.

Quelque 142,8 millions d'électeurs brésiliens voteront aussi dimanche pour élire leurs 27 gouverneurs, 513 députés fédéraux, 1069 députés régionaux et 27 sénateurs (un tiers du Sénat) parmi plus de 26 000 candidats.