L'embargo américain contre Cuba, en vigueur depuis plus de 52 ans, a causé à l'économie de l'île communiste des pertes estimées à plus de 116 milliards de dollars, a affirmé mardi à la presse le vice-ministre des Affaires étrangères cubain Abelardo Moreno.

«Jusqu'à mars (2014) les dommages économiques infligés au peuple cubain par l'application de l'embargo s'élèvent à 116,88 milliards de dollars», a annoncé M. Moreno en présentant un nouveau projet de résolution condamnant cet embargo et qui sera soumis au vote de l'Assemblée générale de l'Onu le 28 octobre prochain.

Chaque année depuis 1982, la plupart des pays votent en faveur de cette résolution à l'exception des Etats-Unis et de ses proches alliés, comme Israël. En 2013, Cuba avait reçu un soutien record de 188 pays.

M. Moreno a également indiqué que depuis sa mise en place en février 1962 sous l'administration de John F. Kennedy, cet embargo financier et commercial a un impact «brutal» sur tous les secteurs de la société cubaine.

Le vice-ministre a aussi pointé du doigt «le caractère extraterritorial» de l'embargo, en particulier dans les domaines banquier et financier, qui selon lui confine à «la guerre, à la persécution» au moment où les autorités tentent d'attirer davantage d'investisseurs étrangers.

La banque française BNP Paribas s'est notamment vue infliger en juin une amende de 8,9 milliards de dollars pour avoir effectué des opérations en dollars avec des pays faisant l'objet de sanctions économiques américaines. Selon M. Moreno, le montant des amendes de l'administration Obama aux entreprises entretenant des relations commerciales avec Cuba s'est élevé à plus de 11 milliards de dollars depuis 2009.

Depuis de nombreuses années, Cuba dénonce vivement cet embargo jugé «inhumain, raté et anachronique» maintenu par 11 gouvernements américains successifs.

Les Etats-Unis indiquent de leur côté qu'ils ne lèveraient l'embargo que lorsque le régime cubain aura procédé à davantage de changements économiques et sociaux. Depuis 1982, les Etats-Unis maintiennent Cuba sur la liste des pays qui soutiennent le terrorisme, une accusation fermement rejetée par La Havane.

Barack Obama a récemment assoupli les règles qui s'appliquent aux voyages vers l'île mais maintient une ligne dure face à ce petit pays distant seulement de 150 km des côtes de Floride. Un sondage publié en février soulignait toutefois qu'une majorité d'Américains étaient favorables à un changement de politique à l'égard de Cuba, y compris en Floride, où réside une très importante communauté cubano-américaine anticastriste.