Les autorités d'Aruba ont annoncé jeudi l'arrestation d'un proche confident du défunt président vénézuélien Hugo Chavez, qui avait été nommé consul dans cet État des Caraïbes malgré qu'il soit visé par des accusations de trafic de drogue aux États-Unis.

Hugo Carvajal, l'ancien chef du renseignement militaire sous Chavez, a été arrêté à la demande de procureurs américains, et l'homme devrait comparaître vendredi devant un tribunal d'Aruba.

M. Carvajal était l'un des quelques responsables militaires vénézuéliens haut placés inscrits sur liste noire par les États-Unis en 2008 pour avoir supposément fourni des armes aux rebelles marxistes en Colombie voisine, et pour les avoir aidés à transporter de la cocaïne pour financer leur rébellion. Malgré ces accusations, il était demeuré proche des cercles du pouvoir au Venezuela et, en janvier, a été nommé consul à Aruba par le successeur de M. Chavez, Nicolas Maduro.

Ce dernier a condamné l'arrestation, qualifiant la détention de M. Carvajal d'enlèvement violant le droit international et la Convention de Vienne sur l'immunité des diplomates.

Le ministère vénézuélien des Affaires étrangères a pressé les Pays-Bas, qui s'occupent des relations extérieures d'Aruba, autrement un État autonome, de libérer immédiatement M. Carvajal, affirmant que les relations commerciales et diplomatiques pourraient s'en ressentir.

Le gouvernement néerlandais n'a pas immédiatement réagi.

Selon des responsables d'Aruba, il y a d'abord eu de la confusion à propos de l'immunité de M. Carvajal, puisque celui-ci possède un passeport diplomatique émis par Caracas. L'arrestation a cependant eu lieu puisque l'homme n'avait pas encore obtenu son accréditation diplomatique.

De leur côté, les procureurs américains ont désormais 60 jours pour formuler leur demande d'extradition, a expliqué la porte-parole Ann Angela.

Hugo Chavez était un instructeur à l'académie militaire de Caracas lorsque Hugo Carvajal y étudiait, au début des années 1980. Comme bien des cadets de l'époque, l'homme a par la suite pris les armes lors de la tentative ratée de coup d'État menée par Chavez, en 1992, qui a propulsé le jeune commandant de char vers la gloire et ouvert la voie à son arrivée au pouvoir par les urnes.

La pression de Caracas visant à faire libérer M. Carvajal risque peu d'émouvoir Aruba, estime Michael Sharpe, un professeur d'université à New York qui se spécialise en relations internationales et qui a publié des textes sur cet État néerlandais des Caraïbes. Bien que le petit État insulaire ne soit qu'à 24 kilomètres de la côte vénézuélienne, il entretient des relations plus étroites avec Washington qu'avec Caracas, en raison de la transformation de sa pétro-économie en économie du tourisme, dans les années 1980.