Une brochette d'anciens dirigeants, dont le président américain Bill Clinton ou le premier ministre britannique Tony Blair, ont apporté mardi en Colombie leur soutien au processus de paix en cours avec la guérilla des Farc, lors d'un sommet spécial.

Cette rencontre d'une journée avait été organisée dans la station caribéenne de Carthagène, à l'initiative du président colombien Juan Manuel Santos, qui mène des négociations avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), délocalisées depuis 19 mois à Cuba.

Les dirigeants invités, parmi lesquels figuraient aussi l'ancien chef du gouvernement espagnol Felipe Gonzalez, et les ex-chefs d'État du Brésil Fernando Henrique Cardoso et du Chili Ricardo Lagos, ont félicité les deux camps pour «les importants accords obtenus à La Havane et le sérieux des discussions».

Dans un communiqué conjoint, ils ont appelé à «parvenir le plus tôt possible à un accord final», affirmant que la paix placerait plus rapidement la Colombie «sur le chemin de la modernisation avec la justice sociale».

Ce sommet avait été baptisé par M. Santos comme celui de la «Troisième voie», en référence au mouvement d'inspiration social-démocrate qualifié aussi de «blairisme».

«Avec la paix, nous pouvons porter la +Troisième voie+ à son plus fort potentiel ici en Colombie», a lancé le président colombien. Réélu il y a deux semaines pour un second mandat de quatre ans, ce dirigeant de centre droit de 62 ans est le co-auteur d'un livre sur la «Troisième voie», écrit en 1999 avec M. Blair.

La rencontre a essentiellement abordé le processus de dialogue ouvert par le gouvernement de M. Santos avec les Farc et l'ELN (Armée de libération nationale), les deux dernières rébellions d'extrême gauche encore en activité après un demi-siècle d'existence en Colombie.

MM. Clinton et Blair ont été ainsi conviés à partager leur expérience respective sur les tentatives de dialogue au Proche-Orient et sur le processus de paix avec l'IRA en Irlande du Nord.

«Vous n'arriverez jamais à la réconciliation finale dans votre pays si vous ne terminez pas ce processus de paix», a prévenu l'ancien président américain, tandis que l'ex-premier ministre britannique a souligné que «le dividende de la paix est incroyable».

«Cela permettra au pays non seulement d'atteindre la prospérité matérielle mais cela donnera en plus un sentiment d'espoir en l'avenir», a ajouté ce dernier.

Le conflit interne colombien, le plus ancien d'Amérique latine, a fait en cinquante ans plusieurs centaines de milliers de morts, mêlant l'armée à des guérillas, des milices paramilitaires - officiellement dissoutes depuis 2006 - et des bandes criminelles.