Le gouvernement d'Équateur a affirmé vendredi qu'un laboratoire américain avait vendu dans huit pays des prélèvements sanguins illégaux, réalisés au sein d'une tribu indigène, réputée pour leur résistance aux maladies.

Les autorités de Quito, qui mènent depuis plusieurs mois une enquête sur cette affaire, accusent l'institut Coriell, basé dans le New Jersey aux États-Unis, d'avoir utilisé à des fins commerciales du matériel génétique prélevé sur des membres de l'ethnie Huaorani, un groupe d'environ 3000 personnes vivant isolées en Amazonie équatorienne.

«Coriell a fini par le vendre dans huit pays au moins», a déclaré à l'AFP Maria Del Pilar Troya, sous-secrétaire d'État à l'Éducation et aux Sciences, chargée du dossier, née en 2010 à la suite d'une plainte de la communauté Waorani.

L'Allemagne, le Brésil, le Canada, les États-Unis, l'Inde, l'Italie, le Japon et Singapour figurent parmi les pays visés.

Selon le gouvernement équatorien, plus de 3500 prises de sang auraient été réalisées il y a plus de 30 ans auprès de 600 membres de la tribu amazonienne.

«Ils ont pris du sang à des Huaorani, et dans certains cas, des échantillons de tissus. À peine 20 % des personnes ont signé une autorisation», a précisé Mme Del Pilar Torya.

Trois organismes américains sont visés : la compagnie pétrolière Maxus, qui a opéré dans la région amazonienne d'Orellana jusqu'aux années 1990, le laboratoire Coriell et la Harvard Medical School.

Contacté récemment par l'AFP, le laboratoire a affirmé à l'AFP avoir reçu en 1991 «un seul tube» contenant «une lignée de cellules lymphoblastoïdes établie à partir d'un échantillon de sang d'un individu huaorani», de laquelle ont été extraits des échantillons d'ADN ayant servi à la recherche scientifique.

Coriell dit n'avoir «retiré aucun bénéfice» de ces échantillons, dont l'original n'est plus disponible pour la recherche depuis 2010.