Des responsables haïtiens rapportent vendredi le décès de l'ancien président Leslie Manigat, dont le bref mandat avait été marqué par un coup d'État militaire en 1988.

Le secrétaire adjoint du parti politique de M. Manigat a indiqué que l'homme de 83 ans est décédé chez lui avant l'aube, vendredi. Evans Baubrun n'a pas annoncé de cause, mais il a expliqué que le politicien était malade depuis un moment et qu'il avait récemment été infecté par la fièvre à virus Chikungunya, une maladie transmise par des moustiques qui se répand rapidement dans Haïti depuis l'apparition des premiers cas dans le pays, plus tôt cette année.

Sa mort «crée un grand vide au sein de la communauté intellectuelle haïtienne et dans le monde», a déclaré le premier ministre Laurent Lamothe. Un communiqué publié par son bureau précise que M. Manigat «a contribué à l'éducation de plusieurs générations d'Haïtiens, et avait aidé à renforcer le sentiment de fierté nationale».

M. Manigat, un ancien professeur d'histoire et de science politique, avait remporté la présidentielle de janvier 1988 dans la foulée du tumulte découlant de la chute du dictateur Jean-Claude Duvalier, deux ans auparavant. L'élection, boycottée par les principaux partis d'opposition, a été largement considérée comme illégitime.

Une séance de ballottage, trois mois auparavant, avait été annulée après que des tireurs eurent ouvert le feu sur les files d'électeurs, et que d'autres attaquants ont tué des gens à coups de machettes. Des témoins ont mentionné que des soldats avaient participé aux massacres, et l'opposition a clamé que l'armée avait organisé le bain de sang pour faire dérailler la première élection libre en trois décennies.

En moins de six mois, M. Manigat était chassé du pouvoir par le lieutenant-général Henri Namphy. Fuyant vers la République dominicaine, il semblait dire adieu à une carrière en politique.

«Je ne tomberai pas dans le piège classique des politiciens renversés qui voient le retour au pouvoir comme un moment à venir et passent tout leur temps à justement attendre ce retour imminent», avait-il confié à des journalistes, à l'époque. «Je ne suis pas seulement un politicien, mais un politologue. Je peux éviter cette vision, cette force des politiques ratées et de la frustration personnelle.»

Il est éventuellement rentré en Haïti et a brigué la présidence en 2006, avant de perdre contre René Préval. Sa femme, Mirlande Manigat, s'est présentée contre Michel Martelly, l'actuel président.