En plein Mondial de football au Brésil, la présidente Dilma Rousseff s'est lancée officiellement samedi dans la course pour la présidentielle du 5 octobre où elle briguera un second mandat de quatre ans.

Sa candidature «est approuvée», a proclamé le président du Parti des Travailleurs (PT-gauche, au pouvoir), Rui Falcao, lors de la convention nationale du parti dans un hôtel de Brasilia.

Mme Rousseff, sur une estrade couverte d'étoiles rouges (symboles du PT) et de grandes photos d'elle, a vu sa candidature approuvée par les 800 délégués du parti en présence de son mentor politique, l'ancien charismatique président Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010).

«C'est le moment d'aller de l'avant, c'est le moment de faire des changements, mes chers compagnons», a déclaré Mme Rousseff, 66 ans, pendant son discours.

En pleine Coupe du monde, l'événement a pris parfois des allures de revanche contre les manifestations de rue contraires au Mondial.

Le Brésil, septième puissance économique mondiale, a été secoué l'an dernier par une fronde sociale historique contre la facture du Mondial (11 milliards d'euros) et les déficiences criantes des transports publics, de l'éducation et de la santé.

Un but contre les pessimistes!

«La Coupe est en train de marquer des buts contre les pessimistes, ceux qui disaient qu'elle n'aurait pas lieu», a lancé la présidente vêtue d'un chemisier rouge, se référant au bon déroulement global de la compétition marquée par une pluie de buts et un climat festif.

«Nous avons la Coupe, mais nous n'aurons pas de second tour. Un, deux, trois, Dilma une nouvelle fois!», scandaient les délégués qui espèrent une victoire dès le premier tour le 5 octobre.

Mme Rousseff, ancienne membre de la guérilla, torturée et emprisonnée sous la dictature (1964-85), est arrivée au pouvoir en 2011.

Dans son discours, elle a cité les actions du gouvernement dans les domaines social, économique et politique, affirmant que la population veut que le changement continue «par les mains de ceux qui ont montré qu'ils en avaient la capacité».

La présidente est confrontée depuis quelques mois à une érosion de sa popularité.

Mais elle reste largement favorite dans les sondages avec 39 % des intentions de vote, selon une enquête Ibope publiée jeudi.

Ses principaux adversaires seront le social-démocrate Aecio Neves (PSDB), avec 21 % des intentions de vote, suivi du socialiste Eduardo Campos (PSB), crédité de 10 % des intentions de vote, selon ce sondage.

Les militants du PT ont également acclamé Lula aux cris de «Lula guerrier du peuple!». Le fondateur du PT qui a quitté le pouvoir avec une popularité record de 80 % va soutenir la campagne de réélection de sa dauphine Rousseff.

Un certain nombre de militants prônaient pourtant sa candidature à la place de celle de Mme Rousseff.

«Beaucoup avaient ce sentiment, mais chaque chose doit se faire en son temps. Lula lui-même a dit que la candidate c'était elle; il est important qu'on l'élise», a déclaré à l'AFP, Nadia Araujo, une militante de 47 ans.

Le mécontentement de pans entiers de la population demeure important et vise une classe politique largement décriée dans son ensemble.

Après l'euphorie des années Lula, l'économie traverse une phase plus délicate avec une inflation élevée d'environ 6 % et une croissance ralentie.

Le PIB a augmenté d'à peine 0,2 % au premier trimestre. Pour 2014 les marchés tablent sur une croissance de 1,63 %, très anémique pour un pays émergent.

Pour l'heure, les Brésiliens s'intéressent très peu à la présidentielle d'octobre.

Ils se passionnent beaucoup plus pour le Mondial qu'ils rêvent de remporter pour la sixième fois, le 13 juillet au Stade Maracana de Rio de Janeiro.

Les manifestations quotidiennes en marge du Mondial ne rassemblent plus que des poignées de militants d'extrême gauche ou d'anarchistes.