Le Brésil a assuré mercredi que les touristes seraient en sécurité pour la Coupe du monde malgré une vague de mouvements sociaux et alors que les stades sont engagés dans une course contre-la-montre pour être prêts le jour J.

A quinze jours du Mondial, le gouvernement a minimisé les manifestations contre les dépenses publiques investies dans le tournoi et la manifestation d'Indiens mardi à Brasilia où l'un d'eux a tiré une flèche dans la cuisse d'un agent de la police montée.

La police a réagi en lançant des bombes lacrymogènes sur les 500 Indiens en peintures de guerre qui avaient rejoint quelque mille manifestants anti-Mondial et sans-toit aux abords du stade de Brasilia.

«Cela montre que notre police est là pour assurer l'État de droit, la liberté de manifester et de prévenir les abus», a déclaré le ministre de la Justice, José Eduardo Cardozo, cité par le site d'informations G1.

La police a contrôlé la manifestation et «les étrangers doivent se sentir en sécurité ici», a-t-il ajouté.

«Les syndicats et autres groupes voient dans la Coupe du monde une opportunité d'attirer l'attention internationale (...) Nous allons assurer les conditions de sécurité pour l'événement», a déclaré quant à lui le secrétaire exécutif du ministère des Sports, Luis Fernandes, dans une conférence téléphonique avec la presse étrangère.

Il a fait remarquer que les manifestations massives de l'année dernière «n'avaient pas géné la Coupe des Confédérations» et que le gouvernement avait «des plans d'urgence» en cas de grèves des transports. Selon lui, les manifestations sont «normales» mais le gouvernement ne «tolérera pas de violences».

Il a reconnu que Brasilia aurait dû montrer «de manière plus efficace les bénéfices de la compétition à la population».

Vague de grèves 

Mercredi, une grève de conducteurs d'autobus réclamant des hausses de salaires a encore perturbé la circulation dans quatre villes du Brésil.

A Salvador de Bahia (nord-est), l'une des 12 villes du Mondial, où la grève dure depuis trois jours, les rares autobus qui sortaient des garages étaient escortés par des voitures de police. Un accord pour une hausse de 9% a mis fin à la grève mercredi après-midi.

Sao Luis do Maranhao (nord-est) en était à son septième jour de grève tandis qu'à Florianopolis (sud) le mouvement était prévu pour 24 heures seulement.

A Rio, où il s'agit de la troisième grève des conducteurs d'autobus ce mois-ci, la grève a en revanche été peu suivie et plus de 80% de la flotte a circulé normalement.

Professeurs, agents de sécurité de banque et médecins se sont joints au mouvement, cessant le travail au cours des dernières semaines. A Rio, les professeurs du primaire et secondaire en grève depuis le 12 mai ont voté la poursuite illimitée du mouvement mercredi et un groupe a manifesté au centre-ville avant d'être dispersé avec des sprays au poivre par la police.

Il y a un an, le Brésil a été secoué par une fronde sociale historique en pleine Coupe des Confédérations. Les manifestants critiquaient les sommes colossales investies dans la construction des stades et réclamaient l'amélioration des services publics.

«Radicalement différent» de 2013

Ces manifestations spontanées, convoquées sur les réseaux sociaux, sans bannière politique, se sont depuis poursuivies, mais se sont radicalisées et ont perdu en intensité.

Le sociologue de l'Université de Rio (Uerj), José Augusto Rodrigues, a observé pour l'AFP que «ce qui se passe maintenant est radicalement différent de ce qui se passait en juin 2013».

«L'ambiance de malaise perdure mais, même sans cela, les mouvements sociaux auraient profité du Mondial pour faire pression sur le gouvernement; cela a été comme ça aux JO de Londres», a déclaré le sociologue.

«En juin dernier, le malaise existait et les personnes s'organisaient de façon spontanée via les réseaux sociaux. Il y avait même de l'hostilité envers les partis politiques et les mouvements organisés. Aujourd'hui ce sont les "professionnels de la rue" (syndicats) qui manifestent et les "amateurs" ont disparu», a-t-il également souligné.

La sécurité n'est par ailleurs pas la seule chose qui peut inquiéter les supporters: le sécrétaire général de la FIFA, Jérôme Valcke, a renouvelé ses critiques sur le retard des travaux dans les stades, en pointant mercredi celui de Natal, pourtant inauguré fin janvier.