Des incidents ont opposé mercredi à Port-au-Prince la police à des opposants au président haïtien Michel Martelly, dont les partisans célébraient de leur côté les trois ans de son accession au pouvoir, faisant au moins un blessé par balles.

De nombreux opposants se sont réunis pour manifester leur mécontentement et demander la démission du président Michel Martelly. La police est intervenue pour les disperser avant qu'ils ne puissent accéder au palais présidentiel, devant lequel les partisans de l'ex-chanteur populaire étaient rassemblés pour un grand concert.

Le président, dont les réalisations étaient vantées par des banderoles parsemant la capitale haïtienne, devait y prendre la parole dans l'après-midi.

Les accrochages entre opposants et forces de l'ordre ont fait au moins un blessé par balle et une station essence était en flammes, a constaté un correspondant de l'AFP.

Des violences ont été également enregistrées à Cap-Haïtien, deuxième ville du pays (nord) où des milliers de militants de l'opposition étaient descendus dans les rues.

Des vitres de voitures ont été brisées par des jeunes manifestants se disant «insatisfaits de la politique du gouvernement qui profite aux proches du pouvoir», ont rapporté des radios de la capitale.

Le Mouvement patriotique de l'opposition démocratique a dénoncé «trois ans de dérives et de corruption».

Le Premier ministre Laurent Lamothe avait lancé mardi un appel au calme. «Nous ne pouvons pas revenir à la politique du passé. Nous avons besoin de créer des emplois et de changer les conditions de vie de la population», avait affirmé M. Lamothe.

Sur la tribune officielle dressée à proximité du palais présidentiel, des ministres ont défilé pour vanter les mérites de l'action du président Martelly. «Ce président a introduit les femmes au pouvoir. Nous sommes plus de 36% au gouvernement», a dit la ministre aux Droits des femmes Yanick Mézil, invitant la population à voter pour le parti présidentiel aux prochaines élections partielles.

Sous la pression de la communauté internationale, le gouvernement haïtien s'est engagé début mai à organiser fin octobre des élections législatives et locales, avec plus de deux ans de retard.

Une médiation de l'église catholique avait permis aux protagonistes de la crise politique de signer un accord prévoyant la tenue d'élections libres et démocratiques.

Mais l'accord, obtenu grâce aux efforts du premier cardinal haïtien Chibly Langloi, et bien accueilli par la communauté internationale, est rejeté par les principaux partis de l'opposition.

Un groupe de partis politiques de l'opposition, dont le parti Fanmi Lavalas de l'ex-président Jean Bertrand Aristide, a réclamé la tenue d'élections libres et honnêtes avec un Conseil électoral plus équilibré.